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Installés sur la place centrale de la ville depuis 3 mois, les manifestants ukrainiens ont tenté hier de faire reculer les forces de l'ordre. Des dizaines de personnes ont été tuées. Les protestataires estiment que la seule issue au conflit est la démission du Président.Les sonos qui bourdonnent, les barricades en feu qui crépitent, les balles de snipers qui sifflent et qui claquent. Sur Maïdan, la place de l'indépendance de la capitale ukrainienne, c'est la guerre. Au milieu des volutes de fumée et des traînées noires, des visages noirs de suie affublés de casques de chantier orange s'agitent. Des cadavres sont alignés sur le sol, l'hôtel, au bout de la place, s'est transformé en hôpital de fortune, le sol est maculé de sang. Les manifestants ukrainiens, qui occupent le centre de la ville depuis décembre, ont voulu faire reculer les forces de l'ordre qui les encerclaient hier matin. Plus de 100 personnes en sont mortes. Plus de 500 ont été blessées.Dans la nuit de mercredi à jeudi, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch avait pourtant annoncé une «trêve». Mais sur la place, au milieu des barricades et des tentes calcinées, les manifestants n'ont pas digéré les 25 morts du jour précédent. Les trois mois de manifestations sur Maïdan tout comme la révolution orange de 2004 n'avait pas fait autant de victimes. Hier matin, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées à distance d'une balle dans la nuque par des snipers. Le Président ukrainien a confirmé que les forces de l'ordre avaient l'autorisation de tirer à balles réelles. L'escalade de la violence a provoqué un nouvel afflux d'habitants vers la place.A l'arrière des affrontements, on vient apporter des vivres, aider à soigner et transporter les blessés. Dans la ville, des manifestants bloquent les accès pour empêcher la police d'approcher. La colère est sourde. La détermination ne faiblit pas. Car même si les discours des responsables politiques laissent penser que le pays est divisé entre pro-Européens et pro-Russes, les habitants de l'Ukraine sont surtout très remontés contre la corruption. «Le pays est sous la coupe de Viktor Ianoukovitch depuis 4 ans maintenant, et ces années ont été des années de terrible corruption dans tout le pays, dans les tribunaux, les commissariats, les hôpitaux, partout», explique Natalia, maman d'un bébé de 5 mois.Corruption«Il ne faut pas croire que le pays est divisé en deux. D'un côté ceux qui veulent aller en Europe, de l'autre, ceux qui veulent rester dans l'orbite de Poutine. Le problème, c'est l'injustice et la pauvreté. Les gens n'en peuvent plus», raconte une jeune journaliste. Dans ce contexte, l'accumulation de victimes renforce la colère. «Ce qui m'étonne et m'effraie à la fois, c'est que les autorités n'ont peur de rien. Les ministres européens sont venus à Kiev pour discuter, le monde entier nous regarde à la télévision et lui demande d'arrêter la violence. Mais il n'écoute personne. Ils ont tué des dizaines de personnes ! De quelle trêve parlons-nous '», s'emporte Natalia.Hier, les ministres des affaires étrangères français, allemand et polonais se sont entretenus pendant plusieurs heures avec le président Ianoukovitch. Vladimir Poutine, le président russe, a décidé d'envoyer un émissaire. Dans l'après-midi, les affrontements se sont calmés sur Maïdan mais la tension est toujours présente. Dans les hôpitaux, les médecins sont débordés. D'autres villes du pays ont connu des violences. Les limites ont été franchies. «Je sais que ça a l'air dramatique, mais il n'y a absolument aucune possibilité de retour en arrière. Si les manifestants abandonnent maintenant, le gouvernement fera de nos vies un enfer. Ce sera pire», martèle Natalia.




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