UGTA: Les travailleurs demandent le départ de Sidi Saïd

? En dépit de l'annonce d'un congrès extraordinaire, avec une promesse du retrait de Abdelmadjid Sidi Saïd de la Centrale syndicale, des travailleurs et des syndicalistes de plusieurs wilayas du pays, se sont rassemblé, hier, devant la Maison du Peuple pour exiger le départ immédiat de ‘Sidhoum Saïd' comme s'était écrit sur plusieurs pancartes.Les centaines de travailleurs venus des différentes wilayas pour protester devant les portes de la Centrale syndicale, disent qu'ils ne veulent pas que le congrès annoncé soit préparé par ceux qui ont trahi la confiance des travailleurs. Et ce, en pointant du doigt le secrétaire général de l'UGTA, Sidi Saïd et bien d'autres, en citant Amar Takdjout, membre de la direction de l'UGTA. D'autres réclament des comptes à Sidi Saïd, notamment l'argent des travailleurs, en exigeant la réouverture du dossier El Khalifa. «Il a usurpé l'UGTA», dira avec fureur le retraité Boudina Mustapha, en retraite mais qui est venu soutenir les syndicalistes. « Il ne s'agit pas seulement, de faire partir Sidi Said, mais il faut lui demander des comptes, il faut qu'il passe devant la justice pour rendre des comptes aux travailleurs, sans parler du rapprochement avec Ali Hadad, au détriment des intérêts et des droits des travailleurs». Certains ne veulent pas uniquement la tête de Sidi Saïd, mais «toute la pyramide de l'UGTA, qui ne représente pas les travailleurs, doit partir», exigent-ils. «L'UGTA n'est pas une propriété privée», «Aïssat Idir et Abdelhak Benhamouda, vous avez donné vie pour la cause des travailleurs, alors que certains se sont vendu aux plus offrants», pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants. «C'est une journée historique, on n'a pas vu une mobilisation pareille depuis le 1er Mai 1990», dira Djafi Ahmed, syndicaliste de la formation professionnelle, de la willaya de Tizi Ouzou. Et d'affirmer que les travailleurs, comme force productrice, doivent donner un contenu à côté des jeunes et des étudiants, à cette révolution populaire. Et de préciser «qu'avec une UGTA libre et indépendante, on va les rappeler à l'ordre, pour un SNMG qui préservera la dignité du travailleur», en évoquant le salaire de Sidi Saïd. Pour notre interlocuteur «l'échelle des valeurs est remise en cause dans ce pays, qui a des milliers de cadres, d'ingénieurs, techniciens supérieurs qui sont marginalisés ou qui perçoivent des salaires misérables». Il précise que l'UGTA doit être indépendante du patronat, de l'Etat, des partis politiques. «Elle doit être, exclusivement, au service des travailleurs». Et de poursuivre : «nous, syndicalistes, ne devons mettre dans nos têtes que ce principe qui doit être inscrit dans les statuts de l'UGTA, comme préambule et plus jamais de soutien accordé aux présidents ou aux gouvernements».
Les travailleurs rassemblés hier, à la Maison du Peuple ont exigé l'installation d'une commission composée de «véritables» syndicalistes, élus parmi les unions de wilayas. « On demande à Sidi Saïd de dégager pour préparer des élections syndicales sur de bonnes bases, avec des vrais syndicalistes et non pas avec des pions», réclament-ils. Ramdane Youcef Taazibt, cadre et ex-député du PT (Parti des Travailleurs), rencontré sur place a affirmé que «notre présence ici est un soutien politique aux travailleurs, on ne s'immisce pas dans les affaires de l'UGTA». Et d'ajouter : «on soutient des travailleurs qui réclament une centrale syndicale au service des travailleurs qui va certainement aider à un changement radical dans les relations sociales dans ce pays, car la Centrale syndicale est une organisation syndicale historique dont malheureusement la direction n'a pas été à la hauteur des aspirations de ses travailleurs». Taazibit poursuit : «c'est pour cette raison que les syndicalistes veulent récupérer leur organisation syndicale, ce qui est légitime». Un syndicaliste conclut : «les travailleurs, aujourd'hui, sont mobilisés pour en finir, définitivement, avec la bureaucratie. On doit, aujourd'hui, se réapproprier notre UGTA pour la rendre au service des travailleurs et non pas au service des patrons».