Algérie

UGTA à Constantine : Une organisation en décomposition



Sidi Saïd a fait de l'UGTA ce que Bouteflika a fait de l'Etat algérien. Et au niveau local, le syndicat est dévasté comme par le passage d'un puissant typhon.C'est le cas à Constantine, où les structures présentent tous les symptômes de la maladie algérienne du Bouteflikisme et les séquelles du désastre Sidi Saïd : statuts violés, règlements piétinés, clientélisme, collaboration avec le patronat, le tout engendrant démobilisation, violences, abandon des rangs et démoralisation chez les travailleurs encore «otages» de l'UGTA, car tous les secteurs d'activité n'ont pas encore fondé des syndicats autonomes. La descente constantinoise aux enfers commence, diraient certains, au lendemain du départ de Abdelhak Benhamouda.
Ce qui est certain c'est que le «cancer» a métastasé durant les deux dernières décennies. A l'ombre du quatrième mandat présidentiel, le congrès de wilaya, organisé le 18 mars 2018 à la salle Zénith, s'était déroulé selon un scénario stalinien de cooptation imposée par la terreur, où, encore une fois, les moins méritants se sont retrouvés à la tête du syndicat-maison, version locale.
L'on sait aussi que la logique d'organisation des congrès partant de la base vers le sommet a été inversée. Par conséquent, l'Union de wilaya, issue du congrès du Zénith, s'est retrouvée à organiser les congrès des Unions locales, et à ce jour, la date de tenue de ces rendez-vous n'est pas encore arrêtée ! C'est même l'objet de conflits syndico-syndicaux et de man?uvres de coulisses, que même le hirak n'a pu atténuer.
Prenons l'exemple de la commission d'organisation du congrès de l'Union locale ouest, la plus importante des six unions de Constantine. L'activité de cette commission se trouve paralysée depuis des mois. Lors d'une réunion en date du 20 décembre 2018, dix membres sur les 14 qui composent la commission ont adressé un courrier au secrétaire général de l'Union de wilaya lui demandant de remplacer deux membres.
A ces deux il est reproché «l'entrave au bon fonctionnement de la commission, la violation des statuts et du règlement intérieur, de semer la fitna et l'anarchie au sein des travailleurs, pour réaliser des intérêts étriqués au détriment de l'unité des rangs».
S'ensuivra un retrait de confiance à ces deux membres, et un nouveau front ouvert avec le secrétaire de wilaya qui prend la défense des «excommuniés ». Couvert par le chef, l'un des deux prend des libertés, selon ses détracteurs, et abuse de tout.
Dans de nombreuses plaintes adressées au SG de wilaya, et dont El Watan détient des copies, les membres de la commission sérient les griefs : «Il prend seul des décisions, impose ces décisions aux membres de la commission, installe des sections sans arrêter les comptes, monopolise les dossiers, organise des réunions avec les sections pour les monter contre les autres membres de la commission?»
Aussi, les plaignants évoquent une gestion douteuse des fonds générés par la vente de cartes d'adhésion, ce qui devrait intéresser la police. Bref, la situation de l'UGTA à Constantine est celle d'un cancéreux au stade final, dirait un médecin. Des centaines, voire des milliers, de travailleurs, sont otages de cette décadence gâtée par ceux-là mêmes qui commandent le syndicat.


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