L'UE est-elle atteinte par le syndrome de «la main étrangère»? Sinon
pourquoi veut-elle expliquer ses difficultés ou l'échec de ses politiques
communes, particulièrement celle de sa coopération avec l'Amérique, par le
«désintéressement» des USA ?
Une «sortie» pour le moins surprenante et inhabituelle du président de la
Commission européenne, José Manuel Barroso.
Questionné par le journal
londonien «Times» sur l'état de la relation transatlantique (USA - UE), M.
Barroso s'est déclaré déçu et regrette «qu'elle ne soit pas à la hauteur de son
potentiel». Le premier responsable de l'exécutif européen ne relève pas les
raisons du désintéressement américain pour l'UE qui est devenu notoire depuis
le début de cette année.
Dans ses propos, il laisse entendre l'existence d'une unanimité des 27
membres de l'UE quant à la stratégie de coopération avec les USA. Façon de
laisser croire que le refroidissement de la coopération transatlantique est de
la seule responsabilité des Américains. M. Barroso fait l'impasse sur les
nombreuses dissensions au sein même de la famille européenne sur la politique
extérieure de l'UE. Il évacue les difficultés de l'Union à parler au reste du
monde d'une seule voix. La semaine dernière, lors de la plénière du Parlement
européen à Strasbourg, Catherine Ashton, la nouvelle responsable du Service
européen pour l'action extérieure de l'UE (SEAE), a éprouvé un nombre de
difficultés à contenter les divergences sur la doctrine du service autant que
sur sa place et son poids dans l'édifice institutionnel européen. Par ailleurs
et passé les urgences de la crise financière de 2008-2009 qui a contraint les
USA et l'UE à multiplier les réunions communes pour parer au risque de faillite
générale, le président américain Barack Obama s'est attelé aux réformes
promises à son peuple, dont celle de la santé qui accorde la couverture par
l'Etat des soins aux plus démunis n'est pas des moindres.
Le hasard faisant bien les choses, c'est ce jeudi justement, que le
président américain vient de remporter une deuxième victoire par l'adoption définitive
de sa réforme financière par le Congrès. Réforme qui vise à prévenir le risque
systémique, à limiter les activités spéculatives des banques, à contrôler les
produits dérivés des banques, notamment les produits toxiques et surtout à
protéger le consommateur.
Le jeu boursier de Wall Street est désormais sous surveillance de la
Réserve fédérale américaine et en cas de crise, plus question pour les banques
d'être refinancées par les consommateurs, c'est-à-dire plus question à l'Etat
de s'endetter pour les sauver. Obama vient de démontrer, s'il le faut, qu'il
est un pragmatique qui réagit vite et tient ses promesses.
Quant à l'UE, il est clair que le désordre règne dans la maison sur les
questions financières et bien d'autres. L'épisode de la crise grecque en est le
meilleur révélateur. La division entre les 16 pays de l'Euro groupe et les 11
autres pays de l'Union est patente. Plus inquiétant encore, les réticences de
l'Allemagne, première puissance économique et premier contributeur au budget de
l'Union, à vouloir suivre les logiques financières et économiques du reste de
l'UE, notamment celle émanant de la France.
Angela Merkel, la chancelière allemande craint que son pays ne soit
aspiré vers le bas par les politiques d'endettements publics de ses
partenaires, y compris celle de son allié principal qu'est la France. Plus
globalement, les Européens multiplient les rencontres internationales type G8,
G2, Euro groupe, etc. sans s'accorder ni s'engager fermement pour des actions
concrètes.
C'est cet aspect spectacle et
médiatique qui a, en partie, poussé Barack Obama à décliner l'invitation au
Sommet européen de février dernier à Madrid. Façon de dire que le temps est à
l'action et à moins de réunions, fussent-elles internationales. Aussi, si la relation
transatlantique subit l'érosion ces derniers temps, il est inutile de spéculer
sur l'altitude américaine.
Car, les USA ont répondu à l'appel des Européens dans des circonstances
bien plus graves lorsqu'il le fallait. Que ce soit lors des deux guerres
mondiales ; après 1945 avec le plan Marshall ; lors de la guerre contre la
Serbie et bien d'autres occasions. Aujourd'hui, avec la question afghane, les
Européens peinent à répondre présents lorsque les USA les sollicitent pour des
effectifs militaires supplémentaires, en sachant bien que la cause afghane
n'est pas celle de l'Irak, pays que les troupes américaines quitteront
définitivement fin 2011. Comme promis par le candidat Barack Obama.
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Posté Le : 18/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com