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UE-Russie
Prévu pour deux jours, le sommet UE-Russie n'a duré que trois heures, mardi à Bruxelles. Le temps pour le président russe, Vladimir Poutine, de mettre les points sur les «i» à propos de la crise ukrainienne.La crise ukrainienne risque de remettre en cause le «Partenariat stratégique» qui régit la coopération entre l'UE et la Russie, fruit d'un long processus de négociation entre les deux parties et entré en vigueur depuis 1997. Les enjeux économiques et politiques pour les deux partenaires sont énormes et se chiffrent en dizaines de milliards d'euros. L'UE exporte actuellement, en biens de consommation, pour plus de 80 milliards d'euros vers la Russie et en importe, essentiellement en gaz, pour près de 120 milliards d'euros. Le département de la statistique de l'UE (Eurostat) chiffre le déficit commercial de l'UE par rapport à la Russie à près de 90 milliards d'euros actuellement. Les deux partenaires ont affiché ces derniers mois leur ambition de relever le seuil de leur coopération pour une meilleure adéquation de leurs marchés.Or, le climat qui a caractérisé la dernière rencontre au sommet, tenue mardi dernier à Bruxelles, n'augure pas d'un avenir apaisé entre les deux parties. Cette 32e rencontre UE-Russie qui devait durer au moins deux jours, avec un ordre du jour assez conséquent, touchant à bien de secteurs économiques, n'a duré pas plus de trois heures. Une visite éclair de Vladimir Poutine à Bruxelles pour mettre les points sur les «i» à propos de la crise ukrainienne. «La Russie s'interdit toute ingérence directe en Ukraine…, le prêt financier de 15 milliards de dollars accordé à l'Ukraine début janvier reste valable même au cas où l'opposition ukrainienne accède au pouvoir», a résumé le président russe. Le dîner prévu à la fin de la rencontre a été annulé et Vladimir Poutine a regagné Moscou, trois heures après avoir débarqué à Bruxelles. Evidemment, les commentateurs européens ont laissé entendre que ce sont les Européens qui ont abrégé la visite en signe de solidarité avec l'opposition ukrainienne. Les Russes ont laissé entendre l'inverse. Qu'importe, l'échec de ce sommet est là, patent. Pourtant, des éléments objectifs ne laissent guère de doute sur l'attitude stratégique adoptée par Moscou: le président russe était accompagné par son seul ministre des Affaires étrangères, N. Lavrov, pour rencontrer les trois premiers responsables européens: Van Rompuy, président du Conseil, Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et Catherine Ashton, la représentante aux Affaires étrangères de l'UE. Les deux parties ont tenté de faire croire, lors de la conférence de presse conjointe, que la rencontre n'a pas été consacrée à la crise ukrainienne, sans convaincre l'assistance des journalistes. Du coup, Vladimir Poutine ne s'est pas gêné pour mettre en garde le soutien direct des Européens à l'opposition ukrainienne. La question n'est pas dans le droit de l'opposition ukrainienne à manifester son mécontentement, mais dans la façon impartiale et tronquée avec laquelle elle est traitée par l'Europe. Du coup, les intérêts réciproques des deux partenaires risquent d'en pâtir sérieusement. Et pour cause, depuis 1997, date de l'entrée en vigueur de leur Partenariat stratégique, la Russie subit des «assauts» répétés à ses frontières: crise géorgienne en 2008, crise ukrainienne en 2004 (révolution orange) et nouvelle crise ukrainienne cette année. A chaque épisode, l'Europe a mis la pression sur Moscou jusqu'à l'organisation des Jeux olympiques d'hiver qui s'ouvrent le 7 février prochain à Sotchi. Il est normal et légitime que l'UE soutienne les courants dits démocratiques et libéraux aussi bien dans les pays eurasiatiques qu'ailleurs. La Russie n'est pas un exemple en matière de liberté et de respect des droits humains.La question est autre: l'Europe est-elle sincère dans son soutien inconditionnel à l'opposition ukrainienne ' Rappelons qu'elle a refusé l'aide financière demandée par le président ukrainien, Victor Ianokovitch, lors des négociations pour un Accord d'association, sans laquelle l'Ukraine était en cessation de paiement.Le refus européen a poussé lanokovitch à se tourner vers son voisin russe. De plus, l'offre européenne aux Ukrainiens leur fait miroiter, à moyen terme, leur entrée dans l'UE. Or, l'UE affirme faire une «pause» dans sa politique d'élargissement.D'autres membres de l'UE tels l'Autriche, le Danemark et même la France projettent de soumettre à référendum populaire toute nouvelle candidature d'adhésion à l'UE. Et tous les indicateurs (sondages notamment) indiquent un rejet catégorique des peuples à toute nouvelle adhésion à la famille européenne. Le refus d'un seul Etat bloquerait toute nouvelle adhésion. Mieux, Il n'y a qu'à examiner les disputes entre les Etats membres sur la mobilité des travailleurs des nouveaux arrivants des pays de l'Est dans l'UE, ou la montée des partis politiques populistes et nationalistes pour comprendre que l'UE, au moins pour les 15 années à venir, a atteint les limites de son élargissement. Le soutien à l'opposition ukrainienne, s'il est juste et légitime, se doit aussi d'être honnête en promesses. Auquel cas, non seulement la crise ukrainienne risque de ruiner ce qui reste de son économie, mais aussi de geler les perspectives de coopération avec la Russie. En somme, tout le monde y perdrait, Russes, Européens et Ukrainiens.




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