«Il faut être
plus grand, malgré nous» Napoléon I
L'Algérie est
dans beaucoup de cas le pays des paradoxes, des infantilismes du troisième âge
superbement arborés par des adultes pourtant encore jeunes, du tourner en rond,
de l'usage de grands mots qui ne disent strictement rien dans le domaine
politique. Le président Bouteflika engage des
réformes, annoncées profondes et résolument tournées vers l'avenir et la
modernité. La moindre des choses, pour des femmes et des hommes propulsés, par
lui, dans des fauteuils confortables et bien rémunérateurs, serait de l'aider
ou bien profiter d'une joyeuse retraite pour surtout ne pas gêner ou parasiter
ses intentions. Hélas, certains qui lui doivent tout ne trouvent pas mieux que
de brouiller les cartes, dire tout et son contraire, postulent pour le
remplacer au pied levé sans décence ni respect pour l'institution qu'il incarne.
C'est ainsi que les chefs inamovibles des partis de l'ex-alliance font assaut
d'amabilités les uns envers les autres, proposent des incongruités illisibles
indignes d'un jeune étudiant de première année dans n'importe quelle matière.
Le leader du RND
se saisit d'une revendication qui traîne depuis des années, qui sera satisfaite
tôt ou bien lorsqu'il sera trop tard, qui n'est différée que parce que les
gouvernants, frileux, conservateurs et archaïques ne savent pas comment faire. L'ouverture
des médias lourds au secteur privé, c'est d'elle qu'il s'agit, a trouvé au RND
une proposition... unique sur terre. A l'image d'une entreprise de
conditionnement de légumes, de fabrication de préservatifs ou du câble
électrique, il est proposé un partenariat public/privé à 51 contre
49%. Seulement, il y a un os. Si deux entreprises, l'une privée et l'autre
publique peuvent se répartir les investissements, le management et les
bénéficies 51/49%, comment le faire pour une ligne éditoriale, une grille de
programmes, la langue utilisée etc? Le deuxième os
est que le RND a oublié d'indiquer sur quel satellite est-il possible de voir
une chaîne mixte public/privé digne du siècle ?
Juste à côté d'un
média introuvable que l'Algérie serait la première sur terre à inaugurer sur le
thème du «spécifique et unique de nos terroirs», une polémique surréaliste fait
les choux maigres de la presse où il n'y a pas d'entreprise mixte. Entre le
ministère de la
Communication et «l'initiative pour la dignité des
journalistes», le débat a atteint des sommets inimaginables dans les plus
grandes démocraties où les médias sont un véritable quatrième pouvoir et plus
sans affinité. Cette «initiative» sans statut juridique avait au départ
bénéficié du label «d'observateur» (au milieu de qui, de quoi ?). On se
croirait à la table des négociations pendant la guerre au Vietnam, ou bien à
l'ONU où seraient invités des «observateurs » avant de rejoindre la communauté
internationale qui a dit sur tous les tons sa vision de la presse, de la
liberté d'expression, de l'éthique qui est exclusivement de la seule
responsabilité de la corporation des journalistes etc. Une «initiative»
illégale est reconnue «observateur» et ensuite répudiée parce qu'elle a un
point de vue propre ! La tribu, la secte ou le village ont une curieuse
appréciation des réformes initiées et une curieuse conception de la
concertation limitée aux lumières du douar. Le nombre ahurissant de quotidiens
du matin, le monopole de l'ANP exercé sur des PDG du secteur public dûment
consacrés dans le JO, des titres qui arrivent quand ils peuvent dans le pays
profond, des publications étrangères dont le prix augmente de 100% pratiquement
à chaque semestre, du papier importé en devises pour des journaux que personne
ne lit, la formation, l'accès aux sources, toutes ces problématiques sont
occultées. Elles dépassent de loin les têtes pensantes qui veulent «réformer»
l'information. Quant à la communication, les organes de régulation, le Conseil
de l'audiovisuel, les mandats pour les dirigeants des médias publics, ce seront
des réformes à venir après tellement de temps perdu de diversions et de
prolongations dans un match insipide. Ces réformes, pour le moment, dépassent
ceux qui ont sur les bras la loi d'avril 1990, mais ne savent pas quoi en faire.
Ils ne peuvent pas, non plus, seulement évoquer, les conseils incontournables, le
mode déclaratif devenu plus compliqué qu'un dossier administratif, l'obtention
d'un visa, la gestion de l'ANEP et une vraie
ouverture, si simple dans le monde normal, de l'audiovisuel etc.
En vérité, M. Bouteflika ne trouve aucune aide pertinente dans sa
majorité. Cette dernière désormais atomisée à trois équipages à l'intérieur
desquels les FLN est deux tandis que M. Ziari tire
sur l'opposition en insinuant avec force pétards mouillés que certains
critiques seraient des traîtres ! Sans pour autant saisir les tribunaux
habilités à ester la haute trahison ! Les tics de l'époque Brejnev ont peut-être
la peau dure mais ils n'impressionnent plus personne au moment où la toile et
les chaînes satellitaires bombardent H24 dans toutes les langues et occupent
les foyers algériens qui s'informent essentiellement en dehors des médias
publics. Cette perte de souveraineté n'est cependant jamais étudiée
sérieusement par la majorité qui a désormais les yeux braqués, grands ouverts
sur la seule élection présidentielle prochaine.
Mais heureusement
que des millions d'Algériens travaillent, inventent, proposent, se battent et
battent le pavé, d'autres tombent encore sous des balles assassines. Et tous ne
veulent pas être président de la République, mais seulement libres et citoyens
à 100%. Aujourd'hui, les états généraux de la société civile se terminent après
avoir été un grand exercice de démocratie sans exclusive, un forum d'échanges
sans tabou. Nous y reviendrons.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 16/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com