Algérie

Turquie : Les discussions sur l'avenir de l'AKP se poursuivent


La Cour constitutionnelle turque a commencé, hier, son deuxième jour de discussion pour statuer sur l'avenir du parti au pouvoir, le Parti de la justice et de développement (AKP). Pour le premier jour, les 11 magistrats ont débattu pendant plus de 12 heures. L'AKP est soupçonné d'activités antilaïques, une grave accusation dans ce pays, où la laïcité fait partie des fondements de la Constitution turque. La cour devra débattre tous les jours pendant une période indéterminée. Selon les médias turcs, l'arrêt sera prononcé vendredi. Pour prendre la décision, il faut que 7 juges sur les 11 soient en accord avec le verdict. Le tribunal a plusieurs choix possibles. Il peut accepter ou rejeter le recours des pro-laïcs. Egalement, il peut opter pour la voie intermédiaire en privant l'AKP de financement public. Ce n'est pas la première fois que ce parti, jugé proche de la mouvance islamiste, a des ennuis avec la justice. En 2001, il avait été dissous. L'année suivante, il avait pris sa revanche en gagnant les élections législatives. Recep Tayyip Erdogan, le chef de file de l'AKP, devient alors Premier ministre. Le chef du gouvernement et le président de la République, Abdullah Gül, risquent dans cette affaire cinq interdiction d'appartenance à un parti politique. Il en va de même pour 71 autres membres de l'AKP.Ce procès émane d'un bras de fer qui dure depuis des années entre l'AKP et les mouvements pro-laïcs. L'année dernière, les partis de l'opposition avaient bloqué l'élection du président par le Parlement. Ils se refusaient à ce qu'un membre de l'AKP prenne la présidence. Les mouvements laïcs avaient alors organisé des manifestations.Cependant, la victoire de l'AKP aux élections législatives anticipées de juillet 2007 avait contredit le camps de l'opposition et à permis dans le même cadre de nommer président de la République Abdullah Gül, membre de l'AKP. Là, les pro-laïcs tiennent peut-être leur revanche en réussissant à faire comparaître, pour la première fois dans l'histoire turc, un parti au pouvoir devant la Cour constitutionnelle pour une affaire de voile. Il y a quelques mois, Recep Tayyip Erdogan a voulu changer la Constitution pour autoriser le port du voile islamique dans les universités. Pour leurs adversaires, cette mesure est une atteinte à la laïcité turque. La cour décidera le prochain gagnant de cette lutte interne entre les deux camps. Si l'AKP est dissous, les prochaines élections auront sans doute lieu dès l'automne. Ce parti dissous peut quand même gagner les élections en reconstituant un autre groupe. Le gouvernement Erdogan jouit d'une bonne popularité. Les délibérations interviennent dans une atmosphère tendue par le double attentat de dimanche à Istanbul qui a fait 17 morts et également, l'attaque, hier, du gouvernement contre les opposants kurdes du PKK. De plus, l'Union européenne pourrait profiter de cette affaire pour reculer le processus d'adhésion, tant les dirigeants européens sont divisés sur le statut de la Turquie.
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