Turquie : l'armée remonte sur la scène

Gardienne vigilante de la laïcité et acteur de premier plan, l'Armée turque veut, pour la cinquième fois en un demi-siècle, modifier la donne politique.Avec certainement moins de succès que précédemment. L'AKP, parti musulman conservateur au pouvoir en Turquie, va soumettre au Parlement une proposition de scrutin présidentiel au suffrage universel, la constitution prévoyant actuellement que le chef de l'Etat turc soit élu par les députés pour un mandat de sept ans. La formation majoritaire, qui a besoin d'une majorité des deux tiers au Parlement pour modifier la constitution, a annoncé mardi qu'elle provoquerait des élections législatives anticipées afin de sortir de l'impasse politique dans laquelle se trouve l'élection présidentielle. L'AKP, aux racines islamistes, a présenté un candidat, le ministre des Affaires étrangères Abdullah Gül, aux députés, mais il n'a pas obtenu suffisamment de voix pour être élu et sa candidature est contestée par les élites laïques du pays, l'Armée en tête. La Cour constitutionnelle, saisie par l'opposition laïque, avait invalidé mardi le premier tour de l'élection présidentielle, constatant que le quorum requis n'avait pas été atteint. L'armée, des Janissaires à la République