Turquie et recherche identitaire

Depuis les temps les plus reculés, le chef s'imposait en tant que tel par la force qu'il représentait avec un profil presque animal basé sur la nature intangible des espèces quand l'autorité n'était accordée qu'aux vainqueurs des guerres et des batailles. Ainsi, des césars sont nés pour trôner sur des empires et donner naissance à des descendances et des transmissions de pouvoirs que l'on a transformés en autorités divines.Depuis, les rois et les empereurs ont perdu leurs lauriers et n'ont gardé que des couronnes symboliques pour ne figure d'eux que l'image de gardiens de temples, recours en attente pour des peuples à la recherche d'espoir et d'espérance.
Aujourd'hui, plus que par le passé, le chef suprême d'un Etat ne doit plus son pouvoir à sa carrure, mais à sa capacité de s'identifier à la majorité de son peuple.
A l'issue des dernières élections présidentielles turques, si Erdogan est réélu, il ne le sera pas grâce à son charisme ni à ses moments d'intempérance. Les Turcs n'ont pas tant voté pour l'homme mais pour ce que doit être la Turquie. De même que si le président français a été réélu, il ne le doit pas à l'énergie de sa jeunesse, mais à une certaine idée que se font les Français de leur pays.
L'évidente réalité des élections est devenue, dans le parcours de l'histoire, dans la recherche identitaire que chaque électeur entreprend. En élisant Erdogan, les Turcs tournent à leur manière le dos à ce que préfigure la démocratie occidentale.
La démocratie devient secondaire quand la survie a la priorité. Sans doute que les descendants des Ottomans ont jugé que le libéralisme occidental et la laïcité ne requièrent pas leurs faveurs.
On a le loisir de manipuler les sens donnés à la démocratie, il n'en restera qu'un en droite ligne avec l'intérêt individuel de chaque votant. Il n'est pas évident d'en trouver un autre quand les droits et les devoirs se juxtaposent avec comme assise les mêlées des civilisations.
Il devient alors nécessaire d'en rechercher un autre à donner à la civilisation.