Algérie

Tunisie: Scènes de violence à Sidi Bouzid



Le premier gouvernement (provisoire) post-Ben Ali sera formé dans une dizaine de jours, et sera dirigé par Hamadi Jebali, le secrétaire général d'Ennahda, vainqueur sans surprise des élections de dimanche dernier pour une constituante en Tunisie.

 L'annonce d'un gouvernement provisoire, après les premières élections démocratiques en Tunisie depuis la fin du protectorat français, a été cependant entachée de graves troubles à Sidi Bouzid, dans le centre du pays et d'où est partie la révolution de Jasmin qui a emporté le régime de Ben Ali et son parti, le RCD. Hamadi Jebali, SG d'Ennahda, qui a passé dix ans en prison sous le régime Ben Ali, a annoncé hier vendredi que «nous allons accélérer la formation du nouveau gouvernement. Cela prendra entre une semaine et dix jours», ajoutant que des discussions étaient déjà en cours pour une coalition au nouveau gouvernement. L'annonce des résultats, tard jeudi soir, par l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), a confirmé les grandes tendances politiques du pays: Ennahda est arrivé en tête des élections, mais sans obtenir la majorité, avec 90 des 217 sièges en jeu. Mais cela est insuffisant pour gouverner seul et le parti de Rached Ghannouchi a confirmé une alliance avec tous les partis et tendances politiques de Tunisie. «Nous sommes prêts à une coalition avec tous les partis qui ont été dans l'opposition à Ben Ali, peu importe leur idéologie», a annoncé Ghannouchi dans une interview à Le Monde datée de ce samedi. Pour lui, il y a cependant une seule exception, celle de la Pétition populaire, dont les listes financées par l'homme d'affaires Hachemi Hamdi, qui vit à Londres, ont créé la surprise et dont l'annulation des résultats obtenus dans six districts électoraux a provoqué de violents incidents à Sidi Bouzid, sa ville natale.

LES ASSURANCES DE GHANNOUCHI

«Nous excluons Hachemi Hamdi, parce qu'il a été un allié de la dictature», explique Ghannouchi dans les colonnes du Monde. A l'Assemblée constituante, le Congrès pour la république, de Moncef Marzouki, ex-opposant au régime de Zine El Abidine Ben Ali qui a longtemps vécu en France, arrive en deuxième place avec 30 sièges. Attakatol, autre formation laïque de centre gauche, a remporté, elle, 21 sièges. Lors d'une conférence de presse à Tunis, Rachid Ghannouchi, qui ne brigue pour lui-même pas de poste officiel dans la nouvelle Tunisie, a indiqué vendredi que le futur gouvernement intégrerait des femmes, «qu'elles portent ou non le voile». Il a également annoncé que son parti n'avait pas l'intention de modifier le mode de vie des Tunisiens. «Toutes les tentatives dans des pays arabes visant à forcer les femmes à porter le hidjab ont échoué et produit le résultat inverse», a-t-il dit. «Ennahda ne changera pas le mode de vie. (...) Il reviendra aux femmes tunisiennes de décider.» Il a également réaffirmé son «engagement envers les femmes de Tunisie pour renforcer leur rôle dans la prise de décision politique, afin d'éviter toute marche arrière sur leurs acquis». En fait, Ghannouchi réaffirme que «la démocratie, c'est pour tout le monde, nos coeurs sont ouverts à tout le monde, on demande à tous nos frères quelles que soient leurs orientations politiques de participer à l'écriture de la constitution et l'instauration d'un régime démocratique», a déclaré M. Ghannouchi. «La révolution n'a pas eu lieu pour détruire un Etat, mais pour détruire un régime. Nous sommes déterminés à protéger l'Etat tunisien», a-t-il souligné.

COLERE A SIDI BOUZID

Sur les événements de Sidi Bouzid, il a affirmé y voir «la main du RCD dissous», l'ancien parti du président Zine El Abidine Ben Ali. Les violences à Sidi Bouzid, où avait commencé la révolution en décembre 2010, ont débuté jeudi soir après l'annonce des résultats de l'élection. Près d'un millier de manifestants protestaient contre l'invalidation par la commission électorale de la liste «Pétition populaire» de l'homme d'affaires tunisien Hachemi Hamdi, vainqueur dans la circonscription de Sidi Bouzid. Cette liste, qui a réalisé une percée surprise et obtenu 19 sièges sur 217 à l'assemblée malgré son invalidation dans six circonscriptions, est dirigée par un richissime homme d'affaires basé à Londres, qui a fait campagne par le biais de sa télévision Al-Mustakilla. Cette chaîne TV est suspectée par les autres partis politiques d'être pilotée par des anciens du Rassemblement constitutionnel démocratique. Une liste d'Al Aridha de Hachemi en France a été invalidée en raison de la présence à sa tête d'un ancien responsable du RCD.

Mais les causes de l'invalidation des cinq autres listes en Tunisie (Tataouine, Sfax I, Jendouba, Kasserine et Sidi Bouzid) n'ont pas été clairement expliquées. Une décision qui a provoqué les émeutes de Sidi Bouzid, qui ont notamment visé le siège d'Ennahda, saccagé et brûlé, ainsi qu'une partie de la mairie ; alors que le siège du gouvernorat a été protégé par l'armée, appelée en renfort de la police qui a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants. Fatalement, un couvre-feu devait être instauré à partir d'hier soir à Sidi Bouzid, après les troubles de la matinée.» Un couvre-feu sera instauré à partir de ce soir 19h00 (18h00 GMT) jusqu'à 05h00 demain matin (04h00 GMT), et ce tous les jours jusqu'à nouvel ordre», a déclaré le porte-parole de la police. Vendredi dans la matinée, l'armée tentait de disperser les manifestants en tirant en l'air et en utilisant des gaz lacrymogènes, selon des témoins.




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