Algérie

Tunisie- Saida, 52 ans, ex-algéroise, vote pour la première fois de sa vie



Tunisie- Saida, 52 ans, ex-algéroise, vote pour la première fois de sa vie
La participation aux premières élections libres en Tunisie est bien engagée ce matin dans les quartiers de Tunis. Saida s'est réveillée très tôt et sa main a tremblé au moment du vote. Après deux heures de queue. Saida connait les méandres de la transition démocratique au Maghreb. Elle vivait à Alger le 12 juin 1990, lors du premier vote libre des Algériens.
Saida Assaibi a l'index gauche brandit en rentrant chez elle "c'est génial. J'en tremble encore". Le doigt est noir de l'encre des votants. Et Saida va la garder 48 heures, presque indélébile. Elle va pouvoir se jeter sur sa page Facebook et suivre cette journée du destin avec son réseau d'amis. La nuit a été très courte, et celle qui arrive, va être spéciale avec le décompte des résultats. "J'ai 52 ans, et je viens de voter pour la première fois de ma vie". Deux heures de queue dans un centre de vote de Ennasr 2 dans la circonscription électorale d'Ariana au nord de Tunis. Ambiance bon enfant, klaxons, grands sourires. "Je suis arrivée à 7h 40 mais j'aurais été là une heure plus tôt cela aurait été pareil. Archi comble". Et c'était pareil pour les deux autres centres de vote d'Ennasr où "mes amis ont voté ". Saida connait intimement cette tension de l'Histoire. Diplômée de l'université d'Alger, de mère algérienne, elle vivait à Alger le 12 juin 1990, le jour du premier vote libre des algériens, lors des élections locales remportées par le FIS. Le choc du ras de marée islamiste, elle connaît déjà. Mais pour elle, le contexte est tout à fait différent dans la Tunisie de 2011. Et Ennahda n'a rien à voir avec les salafistes du FIS qui voulaient un Etat islamique. "Je me suis toujours senti citoyenne du monde, maghrébine bien sûr, mais sans attaches exclusives avec une nation. Et là tout à changer". Saida a sentit que quelque chose d'essentiel était en jeu.
« L'histoire a tourné »
"L'assemblée constituante va décider de l'avenir de mes enfants. Je me suis inscrite et j'ai fait personnellement campagne pour que les gens aillent voter. Ce matin en arrivant au Lycée Ennasr 2 j'étais comblé". Le pari de la participation est déjà gagné. "Si les citoyens s'impliquent, il n'y a rien à redouter de l'avenir". Ses deux fils Moncef et Mahdi universitaires à l'étranger l'appellent des antipodes pour bien s'assurer que "c'est fait". Leur mère a enfin voté. Librement. Eux sont nés en Algérie au début de la guerre civile. Ils ont voté, à Berlin et San Francisco. Pour jeter un mauvais sort à l'échec "fatal" des transitions démocratiques en milieu social islamique. Saida regrette de ne pas s'être inscrite à temps en tant qu'observatrice pour assister ce soir au dépouillement. "Je me rappelle du soir des résultats de juin 1990 à la cité Saïd Hamdine à Alger, et je suis confiante. L'histoire a tourné" Dans le bon sens.


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