Depuis les récentes élections en Tunisie, les hauts fonctionnaires voient sous un nouvel angle les exigences relatives à la passation de marchés et à la participation locale dans le secteur des travaux publics et de la construction ; des plans visant à renforcer les compétences des petites et moyennes entreprises (PME) et des ouvriers locaux ont été mis en 'uvre afin de donner aux sociétés tunisiennes les moyens de prendre part aux futurs projets d'infrastructure.
Les bureaux d'ingénierie et les entrepreneurs tunisiens ont plutôt fait leurs preuves dans la région. Un certain nombre d'entreprises, notamment les sociétés de conseil en ingénierie Comete International et Studi International, l'entrepreneur Entreprise Gloulou Mohamed & Salem (EGMS) ou encore la société de gestion de projets SCET, ont largement contribué à la construction de réseaux autoroutiers, de complexes sportifs, de lotissements et d'usines d'assainissement et de traitement des eaux, aussi bien sur le territoire national qu'à l'international. Ces sociétés ont exporté leur expertise en matière de réaménagement urbain à travers le continent, en l'Algérie et en Libye, mais aussi plus au sud, au Gabon, au Cameroun, au Bénin et au Mozambique.
Cependant, la récente nomination du groupe turc Demtaº Group en tant que principal maître d'ouvrage du Tunis Financial Harbour, le projet phare du groupe Gulf Finance House (Bahreïn) chiffré à 5 milliards de dollars (un espace de 520 hectares qui offrira des services financiers et d'assurance ainsi que des bureaux d'entreprises), montre que malgré un niveau de compétence et d'expertise élevé, les entreprises locales peuvent encore développer leurs capacités, dans la mesure où les sociétés étrangères sont toujours recherchées pour les projets de méga-ingénierie plus ambitieux.
Le gouvernement espère toutefois modifier la donne, et a commencé par privilégier le développement des talents locaux dans le secteur. Grâce à deux conventions conclues entre la Fédération nationale du bâtiment (FNB) et la Fédération nationale des entrepreneurs de bâtiment et des travaux publics (FNEBTP) tunisiennes et les organes français équivalents de la région Champagne-Ardenne, les autorités françaises appuieront le secteur local en mettant au point des programmes de formation professionnelle plus efficaces pour les jeunes diplômés.
La France fournira également des conseils et une assistance à la FNB et à la FNEBTP afin de les aider à élaborer de meilleures stratégies en matière de ressources humaines. Elle assurera pour ce faire un échange professionnel qui permettra aux PME de prendre une longueur d'avance dans le secteur de la construction. Le pays espère que ces accords permettront d'augmenter le nombre d'entreprises locales impliquées dans les projets d'infrastructure de grande envergure.
Au vu des plans ambitieux initiés pour moderniser et développer les infrastructures nationales liées au transport, au logement et à l'énergie, les petits entrepreneurs et consultants locaux auront de nombreuses opportunités à saisir. Ces derniers devront toutefois démontrer leur aptitude à répondre aux exigences en termes de capacités. Le 11e plan quinquennal (2007-2011) de développement économique et social, adopté par le régime de l'ancien dirigeant Zine El Abidine Ben Ali, et maintenu par le parti Ennahda au pouvoir, vise à améliorer l'accès à l'assainissement et à l'énergie, ainsi que les réseaux de transport dans l'ensemble du pays. Ce plan continue de bénéficier du soutien financier d'institutions internationales, telles que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) et l'Agence française de développement (AFD).
Mi-février par exemple, la JICA, la Société Tunisie Autoroutes (STA) et la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede) ont signé des accords de prêt pour financer la construction de nouvelles autoroutes et de réseaux d'approvisionnement en eau.
La banque japonaise accordera 138 millions d'euros à la STA, qui seront investis dans le projet de construction de l'autoroute transmaghrébine Gabès-Médenine, qui relie Le Caire (Egypte) à Agadir (Maroc), et traverse le Maroc, l'Algérie, la Libye, la Tunisie et l'Egypte. Le tronçon tunisien, qui s'étendra sur 84 kilomètres, sera construit le long de la route nationale 1 (RN1) qui relie déjà les villes de Gabès et Médenine.
La JICA a également accordé à la Sonede un prêt de 55.5 millions d'euros, destinés à financer le projet d'approvisionnement en eau potable des centres urbains, dans 32 villes et 20 gouvernorats, pour répondre à la demande future. Une fois achevé, le projet devrait permettre d'approvisionner 297 000 mètres cubes d'eau par jour à 2.2 millions de personnes. D'autres institutions internationales ont également initié cette année des projets d'infrastructure majeurs dans le pays. Le 1er mars, la BAD a signé un accord de prêt de 32.5 millions d'euros avec l'Office national de l'assainissement (ONAS), pour financer un nouveau projet portant sur les infrastructures de traitement des eaux usées. Jusqu'à 30 usines de traitement des eaux du pays seront modernisées ; elles approvisionneront 4 millions d'habitants dans les zones urbaines et rurales, et 4 000 agriculteurs. À l'heure actuelle, les eaux traitées sont utilisées par le secteur agricole pour irriguer 8 500 hectares de terres cultivables. L'ONAS ambitionne d'augmenter l'approvisionnement annuel en eaux traitées de 132 millions de mètres cubes pour 25 000 hectares de terres. Les nombreux projets d'infrastructure faisant l'objet d'accords de financement pour les nouveaux réseaux routiers et installations d'assainissement, initiés dans le cadre du 11e plan récemment arrivé à expiration, constitueront à court terme une source importante d'emplois pour les entrepreneurs internationaux et locaux. Les entreprises locales ont en effet le potentiel requis pour prendre une part de plus en plus importante dans la construction ou la conception de projets d'infrastructure de grande envergure ; par ailleurs, grâce à l'élaboration future de programmes de formation professionnelle, dans le cadre des accords signés avec la France, elles devraient être bien placées pour contribuer à répondre aux besoins du marché local.
Posté Le : 01/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : OBG
Source : www.lefinancier-dz.com