Algérie

Tunisie : premières élections locales depuis 2011



Environ 5 millions d'électeurs tunisiens se rendront, aujourd'hui, aux urnes pour élire leurs représentants locaux, lors d'un scrutin reporté à plusieurs reprises et dans un contexte socio-économique difficile, 7 ans après la révolution qui a permis de chasser l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali sans pour autant venir totalement à bout d'un système corrompu et répressif. Ces élections, les premières du genre, se déroulent aussi dans un contexte sécuritaire délicat et sous état d'urgence que le président Béji Caïd Essebsi a décidé de prolonger pour une durée de 7 mois début mars dernier.Déçus par les derniers résultats des élections législatives de 2014 et une gestion chaotique de l'économie du pays, les Tunisiens ne croient pas trop en ces élections, car en face, les chiffres du chômage sont en augmentation et l'inflation fait des ravages au sein des couches moyennes et populaires. La lutte contre la corruption que mène depuis quelques mois le Premier ministre Youssef Chahed n'a pas réussi à faire oublier aux Tunisiens les dernières mesures prises par le même gouvernement dans la loi de finances 2018. D'ailleurs, la Tunisie a été touchée au début de l'année par un mouvement de contestation exacerbé par l'entrée en vigueur d'un budget d'austérité, un mouvement marqué par des violents affrontements, notamment dans les villes de l'intérieur où la situation économique est des plus catastrophiques.
Selon les observateurs, les deux poids lourds de la vie politique, Ennahda, une formation islamiste, et Nidaa Tounès, le parti fondé par le président Béji Caïd Essebsi, les seuls à avoir présenté des listes dans l'ensemble des villes, pourraient l'emporter dans une bonne partie des municipalités. Mais l'enjeu pour le gouvernement est celui de la participation à une élection repoussée par 4 fois, vraisemblablement en raison du poids politique d'Ennahda qui aurait peur de subir une douche froide après avoir perdu énormément en crédibilité et acculé, comme l'ensemble de la mouvance des Frères musulmans dans le monde arabe, à cause de ses présumées implications dans les dossiers liés à la mobilisation des jeunes Tunisiens au sein des groupes terroristes implantés en Libye, en Syrie et en Irak. Pour rappel, cette élection à un tour concerne 350 municipalités et met aux prises
57 000 candidats. Quelque 30 000 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés.
Le scrutin devrait marquer le premier pas tangible de la décentralisation inscrite dans la Constitution, qui était l'une des revendications de la révolution lancée dans des régions marginalisées par un pouvoir hyper-centralisé. Du temps du parti unique, les municipalités ne géraient qu'une partie du territoire et n'avaient que peu de pouvoir de décision, soumises au bon vouloir d'une administration centrale souvent clientéliste. Depuis la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali en 2011, les villes sont gérées par des délégations spéciales nommées par le gouvernement qui ont souvent échoué à satisfaire les demandes des Tunisiens. Mais le pays est désormais doté d'un Code des collectivités locales, voté in extremis fin avril, qui en fait pour la première fois des entités indépendantes, administrées librement.
L. M./Agences


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