Les deux postes
frontaliers de toute la frontière Est avec la Tunisie que sont Oum Théboul et El Ayoun dans la wilaya d'El Tarf, qui
enregistraient à eux seuls 40 % du flux de passagers vers la Tunisie à longueur d'année,
vivent depuis ces trois derniers mois au rythme
d'un net recul des
personnes qui se rendent habituellement en Tunisie.
En effet, au
niveau de ces deux postes frontaliers, on
apprendra auprès des préposés à l'accomplissement des formalités que la moyenne
des Algériens qui se sont rendus en Tunisie depuis la révolution du Jasmin en
Tunisie, soit un peu plus de trois mois, dépasse légèrement les 20000 personnes
alors que pour la même période, l'année passée, leur chiffre était sept fois
supérieur.
En somme, une
baisse drastique des nationaux se rendant en Tunisie, liée principalement aux
derniers évènements que la
Tunisie a connus et le conflit en Libye dans la mesure où
beaucoup de gens versés dans le trabendo ont, pour le
moment, renoncé à leurs activités qui consistaient à acheter des effets pas
chers en Libye qu'ils revendaient en Tunisie ou en Algérie.
Se rendre donc en
Tunisie concerne principalement ceux qui ont un rendez-vous médical, vont chez
des parents ou tâter le pouls pour ceux qui ont l'habitude de s'y rendre.
Pour les gens
avertis, les clandestins de la place de la gare à Annaba, El Kala et Oum Théboul
transportant les Algériens vers la capitale tunisienne à longueur d'année, sont
les mieux placés pour vous renseigner sur cette nouvelle ère en Tunisie et nous
recommandent d'éviter de circuler au-delà de neuf heures du soir. Quant aux
témoignages recueillis auprès de nombreuses personnes qui se sont rendues en
Tunisie ces derniers mois, ils ne prêtent guère à l'optimisme, soulignant que
c'est dans la douleur que la
Tunisie opère sa mue.
Un médecin nous
dira que ce ne sont certainement pas les workshops encore moins les
déclarations de bonne intention sur un créneau important pour la Tunisie comme le tourisme
qui contrediront la réalité des chocs. Plus explicite, notre interlocuteur
ajoute que, dès la tombée de la nuit, la peur commence à vous tenailler avec
ces magasins et boutiques qui ferment et toutes ces rues qui se vident. Un
magistrat parti en famille en Tunisie il y a deux mois dira qu'il s'est fait
délester de son argent en devises, soit cinq cents euros sous la menace par une
bande de malfaiteurs.
Un autre parti en
voyage de noces avec son épouse dans la capitale tunisienne s'est fait voler sa
voiture et en allant déposer plainte, le préposé à son enregistrement lui
rétorquera: « Est-ce le moment de faire du tourisme ? »
Les impressions
et témoignages sur cette nouvelle atmosphère et cet environnement ne sont pas
faits pour rassurer les habitués de la Tunisie, quand bien même, nous ont assuré nos
interlocuteurs, les Tunisiens gardent intactes leur courtoisie, leur
gentillesse et cette disponibilité quand ils sont sollicités par les Algériens
sur quoi que ce soit. Un habitué de la ville de Sousse, chirurgien de son état,
en voulant s'y rendre ces jours-ci a pris le soin d'appeler la dame qui loue
des studios. Cette dernière lui signifia qu'il vaut mieux ne pas venir, les
choses ne sont pas bonnes.
Pour notre part, en
nous rendant à la capitale Tunis, l'on aura remarqué la présence des militaires
un peu partout dans les endroits stratégiques de la capitale, comme à Bab Djedid, les grandes surfaces
comme Carrefour et bien sûr la place Habib Bourguiba. A la Souika
où il y a toutes sortes de magasins dans ses longues ruelles aux allures d'une
grande Kasbah, on ne se bouscule plus comme avant.
Ecriteaux et
graffitis hostiles à l'ancien régime sont inscrits un peu partout alors que de
nombreux édifices ayant subi quelque saccage comme l'hôtel Africa
sont en train de subir les réparations nécessaires.
Comme libérés de
cette chape de plomb de ces années de vicissitudes, les Tunisiens se sentent
cependant heureux et transportés, se délectant des fruits de cette nouvelle ère
en oubliant les exactions de l'ancien régime policier.
Tout en demeurant
jaloux des acquis de leur révolution, les Tunisiens dénoncent cependant ces
comportements négatifs, Å“uvre de délinquants, repris de justice et autres
désoeuvrés contre lesquels les services de sécurité mènent une lutte implacable.
La grève des éboueurs, ces jours-ci, a fait que des amas d'ordures jonchaient
les voies ici et là.
Ainsi donc vont
les choses dans un pays tant affectionné et respecté par les Algériens qui lui
souhaitent de retrouver toute sa verve, sa quiétude et un bonheur sans borne à
la faveur des réformes tous azimuts engagées, en attendant les élections du 24
juillet prochain.
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Posté Le : 15/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Ouelaa
Source : www.lequotidien-oran.com