Les « guignols » tunisiens qui passent sur la chaîne Ettounsiya TV sont-ils passés à la trappe pour cause de pressions des autorités tunisiennes ' C'est ce qu'affirme que le SG du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Cette nouvelle intervient alors qu'un site électronique tunisien publie le détail des médias tunisiens et étrangers qui ont bénéficié des largesses de l'Acte, l'outil de propagande du régime de Ben Ali. Souci de la vérité ou piqure de rappel à des médias tunisiens qui « dépassent les bornes » '
Les guignols version tunisienne ont-ils été zappés à la suite de pressions politiques de la part des autorités tunisiennes et notamment du gouvernement tunisien dominé par les islamistes d'Ennahda ' Le secrétaire général du syndicat des journalistes tunisiens (SNJT) Mongi Khadraoui parle de « pressions indirectes » ayant conduit la chaine Ettounsiya TV a cessé la diffusion de l'émission satirique politique. Mongi Khadraoui affirme sur la base de « sources au sein de la chaîne » que la programmation des guignols « a été arrêtée à la suite de pressions indirectes des autorités". Selon lui, les autorités n'aiment ni la forme, ni le contenu du programme. « C'est un coup dur pour la liberté d'expression" a dit Mongi Khadraoui. Les responsables de l'émission ne se manifestent pas, des journalistes au sein de la chaine confirment l'arrêt de l'émission, un mois après son lancement, sans en expliquer les raisons. Le paradoxe est que ce coup d'arrêt est intervenu au moment où Cactus production, producteur de l'émission, venait de gagner un procès contre Nessma TV dont le patron, Nabil Karoui, a revendiqué l'exclusivité de la diffusion en Tunisie de l'émission des guignols.
Victoire juridique, écueil politique
Le tribunal de première instance de Tunis, a tranché sur une plainte a été déposée par la mandataire judiciaire de Cactus Productions, Elham Tordjman, contre Nessma Broadcast et la société Zig zag production dans l'affaire des guignols. Le tribunal a estimé que Cactus Production a acheté, dans les règles, ces marionnettes à la société Zig-Zag. Et de ce fait, « l'exclusivité » accordé par Zig Zag à Nessma TV n'avait pas de valeur juridiquement. La « victoire » juridique a été rattrapée, apparemment, par des écueils politiques. Le statut de Cactus Production, qui est sous contrôle de l'Etat depuis la révolution de 2011 sous le contrôle de l'Etat, qui a repris les parts détenues par les Trabelsi, donne une réelle capacité d'influence au gouvernement. Cette affaire, qui reste à confirmer, pourrait être liée aux relations tendues entre des médias, qui se « rattrapent » parfois au mépris de l'éthique et du professionnalisme sur le larbinisme du temps de Ben Ali et les nouvelles autorités.
Des émissions qui « dépassent les bornes »
La suppression des guignols tunisiens intervient après des critiques émanant du ministre de la Santé, Abdelatif Mekki qui a critiqué des émissions qui « dépassaient les bornes". "Il faut respecter les symboles nationaux, le président de la République, le président du Parlement, le chef du gouvernement (...) il faut que la critique soit dans le cadre du respect". Dans ce contexte, la publication par le site Espace Manager de la liste des médias tunisiens ' et étrangers ' qui ont bénéficié des largesses de l'Agence tunisienne de communication extérieure (ACTE), dont la fonction de défendre l'image du régime Ben Ali, pourrait être une « piqure de rappel » du gouvernement actuel aux médias qui « dépassent les bornes ».
Les largesses de l'Acte
Selon ces révélations, les montants accordés par l'Acte aux médias tunisiens et étrangers jusqu'en 2011 ont atteint la bagatelle de 208.898.212,362 dinars dont 150 millions aux médias tunisiens. Espace Manager précise certains supports en raison de leur « ancienneté, notoriété, nombre de ventes ou taux d'audience » méritent les sommes dont ils ont bénéficié à travers de la publicité émanant des entreprises publiques. Ce qui n'est pas le cas d'autres supports qui « ne méritaient pas de bénéficier de ces sommes et la divulgation de ces chiffres peut représenter des preuves tangibles de la nature de leurs relations avec l'ancien régime ». Ce n'est pas par amour de la vérité qu'Espace Manager a publié cette liste suggère le site Kapitalis, très hostile au gouvernement islamiste. Titrant avec une certaine jubilation sur les médias « soudoyés » par Acte, Ridha Kéfi, qui dirige Kapitalis, note qu'Espace Manager est plutôt « favorable » au parti Ennadha et ay gouvernement Jebali. Il suggère que Lotfi Zitoun, conseiller politique du Gouvernement chargé du dossier de l'information, est celui qui a fait «fuité » la liste. Avec, écrit-il, l'objectif de faire pression « sur les médias, dont les noms figurent sur la liste, pour qu'ils se rangent derrière Ennahdha, le parti au pouvoir, au risque de se voir poursuivis pour corruption ou... couper les vivres, c'est-à-dire les annonces publicitaires émanant des entreprises publiques' ». A l'évidence pour le directeur de Kapitalis, la réponse est « oui », la question est de pure forme.
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Posté Le : 24/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sana Harb
Source : www.maghrebemergent.info