D'un montant équivalent à 2,6% du PIB, la somme pourrait apporter aux trois banques publiques, l'élan dont elles ont besoin pour renforcer leur bilan, réduire l'impact des créances douteuses et réduire leur forte dépendance aux injections de liquidités de la banque centrale. Le projet de recapitalisation constitue l'un des éléments clés d'une vaste stratégie de restructuration du secteur, comme l'ont souligné des responsables tunisiens dans une lettre adressée au FMI et publiée au mois de juin. La décision du FMI d'accorder un crédit de 1,74 milliard de dollars en faveur de la Tunisie, en contrepartie d'un engagement du gouvernement de remédier aux faiblesses du système bancaire, laisse penser que la réforme pourrait avoir des effets positifs substantiels.Le poids de l'instabilité politique et des créances douteuses
L'un des aspects centraux du projet du gouvernement passe par l'audit, la réforme et une éventuelle restructuration des trois banques publiques : la Société Tunisienne de Banque (STB), la Banque Nationale Agricole (BNA) et la Banque de l'Habitat (BH). Ces institutions ont été confrontées, ces dernières années, à des difficultés qui s'expliquent en partie par les prêts importants accordés au secteur du tourisme, qui a subi à la fois les effets de l'instabilité politique intérieure et du ralentissement économique en Europe. De plus, comme le notait le gouvernement dans sa lettre du mois de juin, les banques publiques ont été sujettes à « une faible gouvernance par le passé, les conduisant à accumuler d'importants stocks de créances douteuses ». Aujourd'hui, les trois banques publiques représentent environ 40% des actifs du secteur, mais elles affichent le plus fort taux de créances douteuses, soit environ 30% à mi-2013, contre 9% pour le secteur privé.
Audits externes des banques publiques
Renforcer la position de ces trois banques constitue une priorité et un élément d'une vaste stratégie visant à stimuler la croissance économique. Ainsi, le gouvernement s'apprête à injecter plus d'1 milliard de dollars, conformément à l'Evaluation de la stabilité du système financier tunisien à laquelle s'est livrée le FMI. La décision finale du gouvernement quant au montant et à l'échéance de la recapitalisation reposera sur les résultats d'audits externes menés par des cabinets du secteur privé. L'audit de la STB sera réalisé par Pricewaterhouse Coopers, celui de la BNA par un groupe composé de Bain&Company et du Cabinet NEJI Fethi, un cabinet de conseil tunisien, et celui de la BH par Roland Berger Strategy Consultant/FICOM et ORGA Audit.
Trois options devant le gouvernement
À l'annonce des résultats des audits, le gouvernement aura le choix entre trois options : recapitaliser les banques dans leur forme actuelle afin de couvrir les faiblesses de la qualité des crédits et absorber d'éventuelles pertes futures, fusionner deux banques publiques ou plus, ou réduire la participation de l'Etat dans ces institutions. Le montant final de la recapitalisation pourra être revu à la hausse ou à la baisse, voire totalement éliminé, suivant la voie que l'Etat choisira d'emprunter. Mi-2013, le gouvernement a déclaré vouloir financer les besoins initiaux de recapitalisation par l'émission de bons du trésor non-négociables.
Une série de réformes plus globales
L'audit des banques publiques ne constitue qu'une partie d'un programme plus vaste mis en place pour améliorer la solidité du secteur bancaire dans son ensemble. Le gouvernement a annoncé fin juin un projet de création d'une société de gestion d'actifs qui absorbera les dettes du secteur touristique en échange d'obligations garanties par l'Etat. Selon la Banque Centrale de Tunisie (BCT), le secteur du tourisme représente environ 20% des créances douteuses. Ce projet pourrait donc contribuer à une rationalisation considérable des actifs bancaires sur le moyen terme. La BCT a également déclaré qu'elle allait introduire des mécanismes permettant de prévoir, avec plus de précision, les besoins de liquidité du secteur bancaire et ainsi réduire graduellement les injections massives de liquidités. En outre, depuis fin août 2013, les banques sont dans l'obligation de garantir au moins 10% du refinancement de la nouvelle banque centrale par des bons du trésor, un chiffre qui devrait être relevé à 20% pour chaque banque d'ici décembre 2013. La BCT compte relever ce plafond progressivement au cours des deux prochaines années dans le but d'éliminer, à terme, le recours à des créances comme garanties pour le financement de la banque centrale. Enfin, la BCT entend également acheter des obligations publiques à long terme et assouplir les plafonds existants sur les taux d'intérêt à court terme, dans le cadre d'une stratégie visant à augmenter les réserves de liquidité du secteur bancaire et à encourager les transactions interbancaires.
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Posté Le : 13/11/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Oxford Business Group
Source : www.maghrebemergent.info