Tunisie, la voie de la liberté

Il était le modèle de réussite pour l'Occident. On le donnait souvent comme référence pour les pays arabes. On louait souvent le modèle tunisien et on n'avait pas le soupçon d'un doute qu'il ne se maintiendrait pas encore longtemps. C'était compter sans la volonté des peuples. Le sursaut de dignité qu'a eu Mohamed Al Bouazizi ce 17 décembre 2010 sera cette étincelle qui réveillera la conscience d'un peuple. En s'immolant sur la place publique de la petite bourgade de Sidi Bouzid, Al Bouazizi montrera la voie non seulement aux Tunisiens mais à tous les autres peuples arabes. La dictature n'est pas une fatalité. Ce que peuple veut, Dieu le veut. La colère gagnera très vite les grandes villes du pays jusqu'à la capitale Tunis, réclamant le départ du dictateur. Zine Al Abidine Ben Ali ne réussira pas à résister au-delà du 14 janvier. Date de sa fuite pour l'Arabie saoudite. Les révolutionnaires ne baisseront pas la garde. Leurs sit-in se poursuivront jusqu'à l'annonce d'une date précise pour l'élection de la Constituante. Celle-ci interviendra le 23 octobre et offrira aux islamistes d'Ennahda, menés par Rached Al Ghanouchi, une victoire sans entache. La messe est dite. Les Tunisiens ont accordé leur confiance à Ennahda. La coalition issue du scrutin du 23 octobre élira, le 12 décembre 2011, une année après l'immolation d'Al Bouazizi, le gauchiste Moncef MarzouKi, dirigeant du Congrès pour la République (CPR), président de la République tunisienne. Pour être le Président de «tous les Tunisiens sans distinction», ce dernier démissionnera de tout poste de responsabilité de son parti. Il exhortera les membres de la Constituante à placer l'intérêt de la Tunisie au-dessus de toute considération partisane. Agir de telle manière à ce que les Tunisiens n'aient pas à voter dans quelques décennies pour une autre Assemblée constituante. Le sanglot sincère qui étouffera Marzouki quand il évoquera les martyrs de la dictature sera le gage de l'engagement de ceux et de celles qui l'ont applaudi debout pour réussir le pari de la liberté.
G. H.