Algérie

Tunisie: La rage d'Om Larayes, ville minière, en pleine misère sociale



Des rues battues par le sable, des bâtiments incendiés, et une rage diffuse, prête à éclater au moindre incident. La tension est toujours palpable dans la région minière du sud-ouest
de la Tunisie, riche de ses phosphates mais ravagée par la misère sociale.
De nouveaux recrutements à la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), quasiment seul et unique pourvoyeur d'emplois depuis des décennies, ont fait remonter tensions et ressentiments dans une région où le taux de chômage dépasse parfois les 50%.
4.000 emplois pour 28.000 chômeurs. Pour éviter les graves violences qui avaient suivi en novembre la publication d'un premier concours annulé depuis, les résultats ont été échelonnés et sont annoncés ville par ville, tout le mois d'avril. Des renforts policiers ont été déployés.
A Om Larayes, l'annonce des 605 embauches de conducteurs et machinistes (4.000 personnes avaient postulé) samedi dernier s'est mal passée: des affrontements entre jeunes et policiers ont durant trois jours.
Le calme est revenu mais la ville reste rageuse, désespérée. «Ils m'ont tué », crie Mohamed Issaoui, père de deux enfants, recalé au concours. «J'ai dépassé 45 ans, je suis invisible, je suis sous terre », poursuit cet homme ayant déjà passé 10 dures années d'émigration en Italie.
Les hommes se rassemblent dans la rue, agitent leurs dossiers, veulent exposer leur cas. "Ma mère est malade d'un cancer à cause des phosphates, j'ai besoin de travailler », répète Moncef, qui se définit comme « un cas social » et ne sait plus à qui s'adresser.
Om Larayes, 35.000 habitants, est livrée à elle-même. Le maire, qui était déjà en place sous l'ancien régime, n'a aucune légitimité et se contente de signer les actes de naissance et de décès.
Le gouverneur' «Il s'est envolé après les dernières violences, il a eu peur qu'on lui casse la gueule », sourit un homme. « Il est parti se réfugier à Gafsa », la préfecture du gouvernorat. Les policiers sont indésirables et seuls quelques militaires sont tolérés.
Quant aux responsables de la CPG, ils se sont repliés à Gafsa ou Metlaoui, une autre localité minière, depuis les violences de novembre, lorsque les bâtiments administratifs de la compagnie ont été incendiés. Archives éparpillées à terre, murs défoncés, chaises et armoires désossées, vitres fracassées... la fureur s'est concentrée contre la Compagnie, à la fois mère nourricière et responsable de tous les maux de la région.




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