Algérie

Tunisie: la classe politique tenue en haleine à la veille de l'annonce d'un nouveau gouvernement



A quelques heures de la fin des délais constitutionnels pour l'annonce de la composante du nouveau gouvernement tunisien, les partis politiques affichent des avis mitigés quant au choix d'un exécutif de compétences, ont rapporté lundi des médias locaux.Le Chef du gouvernement désigné chargé de former le nouveau gouvernement en Tunisie, Hichem Mechichi, qui a achevé, le 19 août, les concertations avec les partis politiques, les organisations nationales et les experts, avait exprimé son intention de former un gouvernement de compétences indépendantes.
Ainsi, Oussama Khelifi, le dirigeant du parti Qalb Tounes, (27 députés au parlement), a indiqué que son parti devra probablement prendre position à l'égard du gouvernement Mechichi de manière à "préserver les institutions de l'Etat ".
Selon l'agence de presse tunisienne (TAP), Qalb Tounes attend l'annonce de la composition définitive du gouvernement pour décider de lui accorder ou non la confiance.
De son coté, le parti Union populaire républicaine (UPR) a dit rejeter la formation d'un gouvernement de compétences "qui va à l'encontre de l'esprit de la Constitution, du système politique en vigueur et des fondements de la démocratie".
L'UPR qui compte trois députés dans le groupe parlementaire al-Moustakbal qui dispose de 9 sièges au parlement tunisien, a exhorté les députés à "prendre leur responsabilité, à faire prévaloir l'intérêt supérieur du pays et à éviter la fragmentation parlementaire aux dépens des principes".
De son coté, le président du groupe parlementaire de la coalition al-Karama, Seifeddine Makhlouf a indiqué qu'aucune position officielle n'a été prise jusqu'à maintenant au sujet de la formation du gouvernement Mechichi.
Les représentants de la coalition al-Karama (19 sièges au parlement) ont exprimé "leur refus d'un gouvernement de technocrates (compétences indépendantes) et le vote en faveur d'un cabinet dont ils ne connaissent pas la composition".
Ils se disent également pour "un gouvernement de coalition politique élargie qui doit prendre ses responsabilités devant les Tunisiens et refléter les résultats des élections de 2019".
D'autres coté, le dirigeant et député du mouvement Echaab Khaled Krichi a indiqué que son parti a décidé en principe d'accorder la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi malgré ses réserves sur le déroulement des concertations.
Krichi a précisé que le bureau politique du parti a été chargé de suivre les détails sur le programme du futur gouvernement après avoir connu sa composition qui, selon lui, "répond aux critères de la compétence et de l'indépendance".
"Le mouvement Echaab privilégie l'intérêt national aux intérêts étroits du parti", a affirmé Khrichi. Le plus important aujourd'hui, estime-t-il, est que ce gouvernement "contribue à faire sortir le pays de la crise et des conséquences de la pandémie de coronavirus ainsi que de réaliser la stabilité politique".
Pour sa part, le conseil national du parti Courant démocrate (Attayar) a décidé de ne pas voter la confiance au gouvernement de Hichem Mechichi.
Le Courant démocrate a rappelé qu'il avait réagi dès le début "positivement" vis-à-vis du chargé de la formation du gouvernement et exprimé "la disposition à soutenir un gouvernement porteur d'une vision et d'une position politique et étant capable de sauver le pays, et ce indépendamment de sa situation à l'intérieur ou en dehors du gouvernement".
D'autres part, le mouvement Ennahdha est contre la formation d'un gouvernement de compétences étant donné que cela "dénature la démocratie, les résultats des élections et la volonté des électeurs", a déclaré le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi.
Ghannouchi a ajouté que " tous les partis et les ministères disposent de compétences techniques qui doivent servir la politique, estimant que le pouvoir n'est pas un travail technique mais c'est plutôt la capacité d'avoir une vision, un projet et un discours mobilisateur ".
Ghannouchi a, en outre, souligné la nécessité d'amender la loi électorale qui est, selon lui, incapable de donner lieu à une majorité, favorisant ainsi l'instabilité politique.
Les délais constitutionnels pour l'annonce du futur gouvernement expirent mardi. Hichem Mechichi, ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de gestion des affaires courantes avait entamé les concertations pour la formation du gouvernement le 26 juillet dernier.
Il a été chargé de former le nouveau gouvernement par le président Kais Saied en vertu de l'article 98 de la Constitution après la démission, le 15 juillet, du chef du gouvernement Elyes Fakhfakh pour une suspicion de conflits d'intérêts.


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