A quelques jours du ramadhan, les prix des produits alimentaires flambent
en Tunisie, et certains produits comme l'eau minérale se font rares. En cause, principalement:
l'augmentation en flèche des exportations vers la Libye voisine. "L'explosion
des prix est effrayante", lance Taïeb Bendoub, deux sacs de fruits et légumes à la main. "Quand
on compare l'été 2010 et 2011, il y a une inflation de 40% minimum", ajoute
ce retraité, qui achève ses courses au marché central de Tunis, l'un des plus
fréquentés de la capitale. "Les tomates, les poivrons et les pommes de
terre ont presque doublé. C'est inadmissible", s'indigne une mère de
famille, Néjia Jridi, qui
fait ses comptes: le kilo de poivron, normalement aux alentours d'un dinar (environ
50 centimes d'euro), peut atteindre aujourd'hui 1,8 dinar. "Est-ce que l'Etat
est au courant de cette situation? Si oui, qu'attend-il pour intervenir?",
s'interroge M. Bendoub.
Outre l'augmentation des prix, certains
produits, en particulier l'eau minérale, viennent parfois à manquer dans les
rayons des supermarchés. En cause, selon la presse et l'opinion tunisiennes, l'exportation
des produits de première nécessité à la Libye en guerre, ainsi que la présence de
dizaines de milliers de réfugiés libyens en Tunisie. Les exportations des
produits alimentaires pour la
Libye atteignaient 53,1 millions de dinars (27 millions d'euros)
pour les quatre premiers mois de l'année. Au terme du premier semestre, ils ont
dépassé 190 millions de dinars (96 millions d'euros), selon de récents chiffres
officiels. La Libye
est ainsi devenue la première destination des produits tunisiens, notamment les
huiles végétales, les céréales, la farine et le lait.
Mais cette situation, si elle est
positive pour le commerce extérieur, coïncide aussi avec le ramadhan au cours
duquel la rupture du jeûne est l'occasion de repas abondants. Durant cette
période la consommation augmente de 30% sur le marché intérieur tunisien, selon
les chiffres du ministère du Commerce. "C'est normal d'aider nos voisins
libyens. Mais il faudrait quand même instaurer des quotas et ne pas tout
envoyer là-bas", souligne Amor, un médecin qui
se résigne à acheter plus cher son eau dans une épicerie, après avoir fait chou
blanc au supermarché. Le ministère du Commerce a rappelé mercredi dans un
communiqué que l'exportation des produits subventionnés destinés au marché
intérieur (pain, sucre, thé...), le monopole et la contrebande constituaient des
infractions économiques et douanières. Le ministère a également appelé le
consommateur tunisien à faire preuve de modération, pour ne pas perturber l'équilibre
de l'offre et de la demande.
Pour "Si Meddeb", un commerçant
pilier du marché central de Tunis, l'augmentation des prix et les pénuries sont
dues au comportement "compulsif" des consommateurs en période pré-ramadhan. "Si les Tunisiens n'achètent que ce dont
ils ont besoin, il n'y aura pas d'augmentation des prix", assène le
septuagénaire. Les conflits sociaux en Tunisie, récurrents depuis la chute du
régime Ben Ali, contribuent aussi aux déséquilibres du marché. Au rayon
poissonnerie, sur la centaine d'étals, la moitié est déserte. "Les
poissons ne sont pas disponibles en grande quantité: les grands bateaux de
pêche sont souvent en grève", lance Houcem en
alignant ses loups. "Six dinars le kilo", crie-t-il à la cantonade
alors qu'une affiche en carton indique 7,8 dinars.
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Posté Le : 30/07/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Haddad De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com