Algérie

Tunisie : enquêtes sur le «hold-up électoral» de l'homme d'affaires Haamdi



«Le Pôle démocratique progressiste (PDM, coalition) et l'ensemble des forces élues à  l'Assemblée constituante enquêtent sur ce hold-up électoral», a déclaré Ryadh Ben Fadhel, coordinateur de cette coalition de gauche. Les listes Al Aridha Chaâbia (Pétition populaire pour la liberté, la justice et le développement) de Hechmi Haamdi, totalement absentes sur le terrain pendant la campagne, sont au coude-à-coude avec le CPR (Congrès pour la République) de Moncef Marzouki, derrière les islamistes d'Ennahda, selon des résultats encore partiels.
La Pétition populaire arrive notamment en tête à  Sidi Bouzid, la ville du centre du pays où a commencé la Révolution. La personnalité de M. Haamdi et ses moyens financiers ont suscité les soupçons, plusieurs dirigeants politiques suspectant le RCD (ex-parti de Ben Ali) d'être à  la manœuvre. «Les archives de l'Agence tunisienne de communication extérieure (ancien organe de propagande du régime de Ben Ali, nldr) ont déjà révélé que cet homme avait reçu 150 000 dollars en contrepartie de services rendus au régime», a affirmé M. Ben Fadhel. «L'ISIE est en train de passer au peigne fin sa trésorerie», a indiqué une source proche de cette commission. M. Haamdi avait également rejoint la liste des «Mounachidine», terme désignant tous ceux qui ont appelé Ben Ali à  se représenter à  la présidentielle de 2014, selon M. Ben Fadhel. «N'oublions pas que le système Ben Ali n'est pas tombé, il y a des forces occultes», a dit de son côté Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol (gauche). Hechmi Haamdi, basé à  Londres, a fait campagne par le biais de sa télévision satellitaire Al Mustakilla où il s'est autoproclamé futur président de la Tunisie. Sa chaîne, qui émet de Londres et est regardée en Tunisie, avait diffusé une interview de Ben Ali le 13 janvier, un jour avant sa fuite en Arabie Saoudite sous la pression du soulèvement populaire. «Il est possible que des purs et durs du RCD soient derrière ses listes», selon une source diplomatique. Renié par les islamistes en exil dont il s'était fait l'avocat auprès de Ben Ali, Hechmi Haamdi avait donné la parole aux démocrates et défenseurs des droits de l'homme dans les années 2000, avant de se mettre au service du régime de l'ancien président. La percée inattendue de ses listes présentes dans plus de la moitié des 27 circonscriptions du pays est un «cas spécial qui a mis l'ISIE dans une situation difficile», selon une observatrice du Centre Carter. L'article 70 de la loi électorale prévoit «l'annulation d'une liste en cas d'irrégularités de financement». Hechmi Haamdi «ne peut àªtre attaqué que sur ce point et l'enquête est en cours à  l'ISIE», a indiqué une source proche de cette commission. Lundi, l'antenne de la commission électorale à  Paris (IRIE) a annoncé son intention de porter plainte contre M. Haamdi «pour non-respect du code électoral car il a sur sa liste un ex-cadre reconnu du RCD».       

 


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