L'Union européenne jure qu'elle ne sera pas un «havre de paix pour l'argent de l'Etat détourné». Le gouvernement de transition tunisien qui suscite une controverse après le maintien de huit membres de l'équipe du président Ben Ali et la démission de quatre de ministres dont trois issus de la puissante centrale syndicale, tiendra aujourd'hui son premier Conseil des ministres. Au menu : le projet d'amnistie générale pour les prisonniers politiques, annoncé lundi par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, l'application du principe de la séparation de l'Etat avec le Rassemblement constitutionnel démocratique, l'ancien parti au pouvoir. Comme pour apaiser les tensions et calmer la rue qui ne décolère pas -elle réclame la disparition du paysage politique du RCD et les figures clés du pouvoir de Ben Ali qui ont mis en coupe réglée le pays depuis 23 ans - Foued Mebazaa, le président par intérim qui a renoncé à ses fonctions au sein du RCD avec son Premier ministre, annonce l'ouverture d'une enquête judiciaire sur les biens du président déchu et de sa famille, soupçonnés d'acquisition illégale de biens, de placements financiers illicites à l'étranger et d'exportation illégale de devises, l'allégement du couvre-feu de deux heures en «raison d'une amélioration de la sécurité», la légalisation de trois partis d'opposition non reconnus sous le régime de Ben Ali, en trois jours, l'Arabie Saoudite précise que son accueil de Ben Ali s'accompagne «de conditions et de restrictions» et l'Union européenne jure qu'elle ne sera pas à un «havre de paix pour l'argent de l'Etat détourné». Peines quasiment perdues. Les Tunisiens ont continué à manifester hier à Tunis, la capitale. «Nous voulons un nouveau Parlement, une nouvelle Constitution et une nouvelle République», disent-ils. Un peu partout, ils ont escaladé la façade des sièges du parti de Ben Ali pour détruire les drapeaux et symboles du RCD qui a causé la mort de plus de 100 personnes selon les estimations de l'ONU, 78 tués et 94 blessés selon les officiels tunisiens. Les journalistes tunisiens mènent eux aussi leur propre «Révolution du jasmin». Ils se sont emparés de la ligne éditoriale dans les rédactions. Fait sans précédent, des comités de rédaction se sont formés dans les médias d'Etat et les journaux privés réputés proches du clan Ben Ali.
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Posté Le : 19/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djamel B.
Source : www.horizons.com