Algérie

Tunisie Une machine de guerre se profile



Tunisie                                    Une machine de guerre se profile
Vingt-quatre heures après ce qui s'est passé à Benghazi, en Libye, l'ambassade américaine à Tunis n'a pas échappé aux actes de pillage et de destruction des manifestants tunisiens. Prise d'assaut par les manifestants juste après la prière du vendredi, la représentation diplomatique américaine, située dans le quartier huppé et excentré des Berges du Lac, offrait l'image d'une forteresse assiégée
Ils étaient en tout cas bien plus d'un millier à protester aux environs de l'ambassade américaine. Des centaines de personnes sont réussi à s'introduire dans l'ambassade, d'où se dégageait un épais nuage de fumée noire. Ils ont également incendié l'école américaine de Tunis toute proche.
Dans l'après-midi déjà, les rassemblements ont vite dégénéré, faisant quatre morts et 49 blessés, dont deux dans un état critique, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé, cité par l'agence officielle TAP. En dépit d'un important dispositif de sécurité mis en place depuis le matin, la police ne parvenait pas à contenir la foule, en fin de journée. Dès la fin de la prière du vendredi, les fidèles hurlaient 'Allah Akbar". La police, présente en force dans la capitale, a laissé les manifestants prendre la direction de l'ambassade US. Des camionnettes attendaient les fidèles pour les emmener sur les lieux. Les autres allaient à pied. Quelques dizaines de manifestants qui s'y trouvaient déjà s'ennuyaient devant la représentation des Etats-Unis. Au loin une autre foule arrivait.
Ce qui est étonnant est que des quatre murs de l'enceinte de l'ambassade, un seul était gardé par la police : celui de l'entrée principale.
Les assaillants ont alors mis le feu aux broussailles qui entourent le lieu. La circulation a été bloquée par les salafistes, certains faisant la prière au milieu de la route. Des drapeaux américains ont été brûlés sur la place publique. Le drapeau noir des salafistes a alors remplacé le drapeau US. Avant-hier soir, l'ambassade américaine était un champ de ruine. L'on a dénombré l'incendie de 30 voitures ainsi que les locaux techniques. La police, malgré l'absence d'ordre du ministère de l'Intérieur, a fait passer le message aux manifestants que s'ils touchaient aux employés, ils emploieraient le tir à balles réelles. Les employés tunisiens et américains ont passé la journée dans une salle sécurisée. Ils ont été 'exfiltrés" vers 21h30. Seul le président de l'Assemblée constituante s'est rendu sur place afin de présenter ses 'excuses au peuple américain". Le calme est revenu hier matin dans la capitale tunisienne. Les gens se rendaient à leur travail, d'autres sirotaient un café et chicha au bec en regardant les images des affrontements d'hier à la télévision dans les cafés. Néanmoins, un important dispositif de sécurité demeure déployé aux abords de l'ambassade américaine, où des pompiers étaient encore à la tâche à une heure du matin la nuit dernière. Un char était positionné devant l'enceinte du complexe et des militaires patrouillaient devant le mur qui ceinture le bâtiment. Le rond-point, situé à côté de l'ambassade, est gardé par des unités de la garde nationale et des fourgons blindés. L'imposant quartier général de la garde nationale se trouve à peine à deux kilomètres, sur la voie rapide qui mène au quartier de la Marsa, jonché de bris de vers, de pavés et de bâtons. Autant de projectiles, lancés plusieurs heures durant, contre les forces de l'ordre en difficulté vendredi. Des minibus calcinés gisent sur les bas-côtés, une soixantaine de véhicules ont été incendiés à l'aide de cocktails Molotov, lancés par des manifestants survoltés, qui n'ont pas reculé, pas même devant les blindés. Une forte odeur de soufre prend à la gorge dans ce quartier. En face, de l'autre côté de la voie rapide, les murs de l'école américaine sont noircis.
Elle aussi a été prise pour cible par les salafistes dans cette banlieue à 15 km du centre, un quartier qui abrite des sièges de sociétés nationales et multinationales. Dans son intervention à la télévision vendredi soir, le président tunisien Moncef Marzouki a qualifié de 'totalement inacceptables" ces actes de violence contre un 'pays ami". Il a assuré à la secrétaire d'état américaine Hilary Clinton que les Tunisiens ne faisaient pas l'amalgame entre les états-Unis et le film dénigrant l'islam. Rien n'est moins sûr.
I. O.


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