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C'est Hamadi Jebali, chef du gouvernement tunisien à majorité islamiste, et lui-même numéro un d'Ennahda, qui l'a explicitement avoué dans un entretien diffusé sur deux chaînes publiques. Le torchon brûle entre la majorité islamiste et la présidence de la République et avec la Centrale syndicale et de multiples franges de la société civile. La situation socioéconomique s'est aggravée et le malaise social s'est également alourdi. Et pour ne pas faillir à la tradition des régimes populistes, dans le viseur du Premier ministre : la présidence de la République, les partis politiques démocratiques, la centrale syndicale et même la Banque centrale. Ses menaces à peine voilées sont accompagnées de la promesse que tout ira pour le mieux, une fois ces hypothèques levées ! Comme la réalité n'est pas aussi idyllique qu'il le chante, le leader d'Ennahda demande à ses concitoyens de la patience. Après quatre mois de gouvernement, Hamadi Jebali en est encore à : 'Nous allons faire. Nous allons créer. Nous allons lancer des projets. Nous allons favoriser les régions défavorisées.' Face au fait têtu que son pays s'est encore enfoncé dans le rouge, le Premier ministre avouera, par ailleurs, que lui et les membres de son gouvernement sont 'en train d'apprendre.' Il faudra donc aux Tunisiens attendre que ses ministres acquièrent de l'expérience ! L'aveu vaut son pesant d'or : les islamistes n'étaient donc pas du tout préparés au pouvoir. L'autre révélation du numéro un de ce parti est le bras de fer manifeste et étalé au grand jour entre Carthage et la Kasbah (la présidence et le gouvernement). Aux critiques acerbes publiées par des conseillers du président de la République, fin mai, Jebali a répondu par des avertissements sans ambiguïté. Ces conseillers de Carthage sont allés jusqu'à réclamer la démission de l'équipe gouvernementale ! Quant aux mouvements sociaux, grèves et autres sit-in qui paralysent le pays, le chef du gouvernement, qui se dit à l'écoute de la rue, contrairement au régime déchu de Ben Ali, persiste à dire qu'ils n'ont aucune raison d'être dans le contexte actuel, sortant l'argument que son gouvernement n'a pas de baguette magique. En clair, pour Ennahda, qui se gargarise d'être un parti populaire, il est malvenu de faire des revendications puisque son gouvernement, 'issu des urnes et du peuple est conscient des préoccupations des citoyens', selon les propres dires de Jebali. Et là aussi, il a été implicitement menaçant envers l'UGTT, accusée de tous les maux, et qu'il invite à ne pas outrepasser son rôle de syndicat. Ses menaces ne sont point de nature à apaiser les tensions, déjà grandes, entre les deux parties. L'UGTT, qui a été le principal artisan de la Révolution du jasmin, a repris son bâton de pèlerin pour dénoncer et combattre le projet islamiste d'Ennahda. En effet, au lieu de prendre à bras-le-corps les problèmes et les enjeux de la Tunisie post-Ben Ali, les Tunisiens constatent qu'Ennahda s'inquiète plutôt du voile, des acquis des femmes, des bars, bref de la salafisation d'une société séculaire et à majorité musulmane.
D. B.




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