Algérie

Tunisie



Tunisie
Le président du parti islamiste tunisien Ennahdha, Rached Ghannouchi, a été réélu à la tête de ce parti avec 75% des voix exprimées, à l'issue du 10e congrès de ce mouvement à Hammamet. À l'instar de tous les mouvements politiques islamistes, qui parviennent toujours à s'intégrer dans les systèmes de leurs pays, en atteste le parcours du Parti pour la justice et le développement (AKP) du président Recep Tayyip Erdogan en Turquie, Rached Ghannouchi (74 ans) n'a pas hésité, lui aussi, à suivre le même chemin.Faisant le bilan de son action notamment depuis la révolution de 2011, Ennahda a établi sa stratégie pour les années à venir. Se déclarant un "mouvement tunisien qui évolue avec (...) la Tunisie", selon les dires de son chef réélu à l'occasion, en obtenant 800 voix, tandis que 229 votes sont allés au président sortant du Conseil de la choura, la plus haute autorité du parti, Fethi Ayadi, et 29 à Mohamed Akrout, un responsable du parti. Cette formation islamiste a acté la séparation entre ses activités politiques et religieuses. "Nous nous dirigeons de manière sérieuse, cela a été adopté aujourd'hui, vers un parti politique national, civil à référent islamique, qui ?uvre dans le cadre de la Constitution du pays et s'inspire des valeurs de l'islam et de la modernité", a souligné Rached Ghannouchi.Cette évolution en gestation depuis quelques années est présentée par les responsables d'Ennahdha comme le résultat de l'expérience du pouvoir et du passage de la Tunisie de la dictature à la démocratie suite à la révolution. Réprimé sous la dictature de Zine El-Abidine Ben Ali, Ennahdha, qui a remporté haut la main les premières élections de l'après-révolution en 2011, a dû, après deux années mouvementées au pouvoir, se résoudre à se retirer sur fond de crise politique majeure.Bien que battu lors des élections législatives de fin 2014 par le parti Nidaa Tounès de l'actuel président Béji Caïd Essebsi, ce parti islamiste est toujours un poids lourd de la politique tunisienne. Prenant acte de la volonté des Tunisiens, qui étaient 73% favorables à "la séparation entre la religion et la politique" selon un récent sondage réalisé par l'institut tunisien Sigma, en collaboration avec l'Observatoire arabe des religions et des libertés et la Fondation Konrad-Adenauer, Ennahdha s'adapte à la réalité.Il n'en demeure pas moins que cette évolution est très suivie par les autres partis et les médias, qui s'interrogent sur sa réelle portée et sur son impact politique. L'interrogation du quotidien tunisois La Presse pour savoir si Ennahdha entend "démocratiser l'islam ou islamiser la démocratie", résume la position de la députée Bochra Belhaj Hamida, qui a démissionné de Nidaa Tounès notamment en raison d'un manque de "clarté" sur la relation avec Ennahdha, en soulignant attendre des preuves de ce changement.M. T.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)