Algérie

TUNISIE



De Tunis, Kattou MohamedLe fête du Travail, célébrée dimanche, a offert l'occasion au secrétaire général de la centrale syndicale tunisienne, Houcine Abassi, d'être menaçant et de s'élever contre ses détracteurs qu'il voit agir dans le gouvernement, dans les partis politiques ou parmi la société civile.En effet, nombreux sont ceux qui n'ont pas ménagé leurs critiques à l'adresse de l'UGTT pour «n'avoir pas joué pleinement son rôle national» pour maîtriser l'ardeur de ses membres. Ces derniers se sont distingués, ces derniers temps, par leurs attaques multiples contre certains membres du gouvernement. Si ces agissements sont fustigés, en catimini, au niveau officiel, ils sont dénoncés publiquement par l'opinion publique qui y voit une intention déclarée de la centrale syndicale de dépasser son rôle social pour s'immiscer dans les affaires «politiques» du gouvernement.De l'aveu même de Houcine Abassi, «la centrale syndicale s'est opposée aux choix imposés pour avoir obligatoirement son avis et son mot à dire dans les grandes décisions politiques qui auront un impact inévitable sur la situation sociale et les conditions de travail». A ce niveau, rien à dire. Toutefois, la centrale syndicale aurait mieux fait, selon les observateurs, de bien encadrer les travailleurs et de ne pas soutenir les nombreuses grèves observées çàet là , en particulier dans les mines de phosphate, pour mettre le pays à genoux. Et Abassi, menaçant, d'ajouter : «Personne ne peut nous nier ce droit», martelant que son organisation ne veut nullement accaparer le pouvoir, mais refuse d'être confinée dans un rôle purement revendicatif. C'est ainsi qu'il explique l'attitude de la centrale syndicale qui «rejette les modèles imposés et les réformes toutes prêtes».Ces déclarations de «guerre» n'ont suscité aucune réaction de la part du gouvernement. En revanche, l'opinion publique s'en charge. L'homme de la rue réagit en affirmant que le rôle du syndicat est de défendre les intérêts des travailleurs et non de se fourrer le nez dans les grandes décisions politiques. «Arrêtez monsieur Abassi de berner vos supporters et poussez-les à travailler, si vous êtes un vrai patriote», s'écrient certains citoyens qui qualifient de «prétentieux et décevant, voire bizarre et mégalo”?» le secrétaire général de l'UGTT. D'autres y voient la main du parti islamiste qui «pousse» la centrale syndicale vers cette voie «afin de l'affaiblir» et favoriser, ainsi, la création d'autres syndicats. D'ailleurs, dans ce discours, Abassi n'a pas manqué de tendre la perche au chef du parti islamiste responsable — selon la gauche —des assassinats de militants politiques. A ce sujet, il a appelé les syndicalistes à cesser de s'associer à ces accusations. Qu'espère-t-il à travers cet appel ' s'interroge l'opinion publique. Sans doute, estime-t-on, un soutien de Rached Ghannouchi qui ne serait pas de trop pour une organisation qui cherche à s'imposer comme un partenaire politique incontournable en Tunisie.Généralement fêté dans la concorde depuis l'indépendance, le 1er Mai 2016 a été célébré sous haute tension. Au moment où la Tunisie croyait pouvoir sortir de l'auberge suite à l'entente réalisée entre les centrales patronales et syndicales, tout semble être remis en question suite au retard accusé dans la concrétisation des accords portant sur l'augmentation de salaires dans le secteur privé. De plus, le gouvernement ne semble pas capable de donner les réponses adéquates aux revendications sociales et alors que la centrale syndicale n'arrive plus à maîtriser ses troupes et crie même au complot quand ces troupes sont dénoncées comme agitateurs n'hésitant pas à faire usage de propos «orduriers» à l'adresse de membres du gouvernement.C'est, en fait, à une crise de confiance que font face les parties prenantes, crise que même l'arbitrage du président de la République n'arrive pas à dénouer.




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