Tuez-les tous, (Roman) - Éditions Gallimard, Paris, 2006

Présentation

" Ils marchaient dans la nuit noire. Elle versait des larmes. Il détestait ça. Il avait envie de la tuer. Il tuerait l'Amérique à travers elle. Et demain matin, il garderait les yeux ouverts quand il lancerait le Boeing 767 de la compagnie American Airlines sur les deux tours les plus orgueilleuses de l'humanité. Les yeux grands ouverts. " Le 11 septembre 2001, un terroriste, aidé de ses complices, prend le contrôle d'un avion et le précipite sur le World Trade Center. Salim Bachi retrace la vie et les pensées de cet homme quelques heures avant la tragédie.


Dans la tête d’un kamikaze
D'emblée, Salim Bachi place son nouveau roman Tuez-les tous sur le terrain de la polémique et des peurs de l'Occident. Des peurs inavouées qui couvent depuis les croisades et la chute de Grenade. Tuez-les tous est une injonction sortie tout droit du cerveau d'un illuminé saoudien, chef de l'organisation, qui campe sur les hauteurs de Kandahar, le fief des moudjahidine afghans qui ont vaincu avec l'aide de Dieu les mécréants venus de Russie.

Pour exécuter cette sentence, l'argent aidant, il formera un commando performant qui pourrait braver la mort pour la suprême récompense. Le chef des kamikazes est un jeune étudiant en physique nucléaire, déçu par l'Occident et son ex-femme qui n'a même pas voulu garder le fruit de ses entrailles. Sa vie bascule dans l'horreur le jour où il l'accompagna à la clinique pour se faire avorter. à partir de là, le roman dont le déroulement est presque linéaire devient comme une marche funèbre vers l'inexorable et un parcours vers le chaos.

Le chef des kamikazes quittera la France et transitera par l'Andalousie, histoire de se ressourcer aux confluents de l'une des plus grandes civilisations connues au Moyen-Âge. Cadix, la ville blanche, donnera naissance à San Juan, c'est le pseudonyme qu'il prendra, avant d'aller subir une formation de pilote aux États-Unis. Grâce à une plume trempée dans les tonalités de l'ampleur de la tâche qui attend les kamikazes en devenant de plus en plus acerbe et violente, on découvre les états d'âme de ce jeune chercheur en physique nucléaire.

Parfois, le lecteur pourra se demander de façon légitime comment un tel jouisseur a pu succomber aux thèses du rigorisme religieux pour en devenir l'un des instruments les plus dévastateurs. L'exemple qui va illustrer cette tartuferie sera donné par la dernière nuit, avant d'aller percuter les deux tours new-yorkaises, le 11 septembre 2001, en la passant entre ivresse et luxure. Dans ce roman court, Salim Bachi, avec une écriture au cureteur, ravive les peurs de l'Occident et place le discours intérieur de son personnage principal dans la perspective des nouvelles guerres de religion que des illuminés obnubilés par un passé mythique essayent de ressusciter.