Algérie

Tuer le temps !



Il faut le croire, il y aura bientôt autant de bagnoles dans le pays que d'Algériens. «Mon voisin du cinquième étage, lui, sa femme et ses deux fils ont trois voitures, ils occupent une bonne partie du parking à eux seuls», confie au chroniqueur un homme d'un certain âge, habitant un quartier populaire dans la périphérie de la ville de Tiaret. Des cas semblables sont nombreux dans tout le pays. Conséquence de cette fièvre des quatre roues, des villes qui ploient sous des encombrements qui font perdre la tête à la majorité des automobilistes. Certains font jusqu'à trois heures de temps pour traverser trois ou quatre kilomètres en pleine ville. Les chiffres approximatifs sur l'état réel du parc automobile, le réseau routier saturé avec un nombre de plus en plus élevé de voitures concentrées dans les villes du nord du pays, sont une autre pierre d'achoppement sur laquelle butent les pouvoirs publics pour stopper le massacre, vécu au quotidien sur nos routes ensanglantées.En 2021 déjà, le parc automobile en Algérie a dépassé les 6,5 millions, selon l'Office national des statistiques (ONS). Le pays a grand besoin d'une stratégie étudiée pour trouver une solution pérenne à l'encombrement des villes. Même dans les pays développés, la voiture est un luxe, parce que ses frais d'entretien sont trop lourds à supporter. Chez nous Monsieur Tout-le-monde en possède une, voire deux. Malgré le développement des moyens de transports publics comme le métro à Alger, le tramway et ou le téléphérique dans certaines villes, l'Algérien reste attaché à sa voiture, presque une seconde nature chez lui. Pour acheter une baguette de pain ou un sachet de lait, l'Algérien lambda fait démarrer sa voiture pour faire quelques centaines de mètres. Beaucoup d'autres flânent dans les rues avec leurs voitures pour tuer le temps, le prix du carburant étant soutenu par l'Etat, alors pourquoi s'en priver ! Au-delà de la dimension environnementale et d'économie de temps et d'argent, l'Algérien n'a pas la culture du transport public. Il n'abandonnera jamais sa voiture pour monter dans un bus ou un train. Sous d'autres cieux où l'huile de coude a une grande valeur, même les hauts cadres utilisent les transports en commun, ce qui reste encore inimaginable chez nous !


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