Tu récolteras le pétrole... et la tempête!

«On dit que l'argent n'a pas d'odeur: le pétrole est là pour le démentir.» Pierre Mac Orlan
Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour comprendre que tous les conflits politiques passés, présents ou à venir sont tous sous-tendus par des intérêts économiques évidents. Et les pays les plus avisés sont ceux qui sont dirigés par les gens les plus sages, c'est-à-dire ceux qui laissent le temps au temps. Tous les grands projets politiques sont planifiés par leurs auteurs sur des décennies: les économistes, les politiques, les spécialistes des armées et de l'armement, toutes les compétences d'une nation ambitieuse sont mises à contribution pour aboutir à la réussite d'un grand dessein national. C'est du moins ce qu'on peut lire en filigrane en parcourant l'histoire de cette région riche en sources d'énergie fossile qu'est le Moyen-Orient. Et ce n'est pas un hasard si la découverte du premier puits de pétrole en Iran par un ingénieur britannique semble donner le coup d'envoi à la série d'opérations de déstabilisation que connaît la région grâce aux soins attentionnés du Royaume-Uni et de la France, les principales puissances colonialistes européennes, puis des Etats-Unis qui ont pris la succession dans la région et enfin de l'Otan qui regroupe tous les pays alléchés par l'odeur envoûtante du pétrole. Ce n'est pas un hasard si c'est pratiquement à la même période que l'Empire ottoman qui administrait le Moyen-Orient, perd ses possessions dans les Balkans avant de subir une guerre imposée par la Grèce. Et ce n'est pas un hasard, non plus, si la même année se tient à Bâle (Suisse) le congrès fondateur du sionisme qui s'était donné pour objectif de créer un Etat juif dans les cinquante années qui suivent. Et ce n'est pas un hasard non plus si le Royaume-Uni (qui était en guerre contre la Turquie) ait soulevé les tribus arabes de la région contre l'occupant turc. Une année après la capitulation turque, Arthur James Balfour, le ministre britannique des Affaires étrangères, en accord avec Chaim Weizmann, alors président de la Fédération sioniste et qui sera élu en 1948, président de l'Etat d'Israël, adressait une lettre ouverte à Lord Lionel Walter Rothschild, anobli par la reine Victoria pour avoir sauvé le Royaume des Windsor de la banqueroute. La Déclaration Balfour n'est qu'un épisode de la cuisine occidentale dans les affaires du Moyen-Orient dont les frontières seront tracées et retracées par les puissances occidentales, nommant des représentants de minorités et des dictateurs serviables selon le gré des vents. Les derniers épisodes de cette agitation aux buts mercantiles vont prendre plus d'acuité avec la Guerre froide et la montée des nationalismes arabes. C'est sans compter sans les monarchies du Golfe qui vont donner un sérieux coup de pompe au frère américain: elles financeront généreusement toutes les organisations intégristes qui feront dévier les luttes d'émancipation des peuples de cette région vers des revendications fantasques... La guerre en Afghanistan fera des USA le principal appui des groupes terroristes intégristes qui vont transformer un pays pacifique en camp d'entraînement pour les damnés de la Terre. L'Amérique s'en tirera avec des attentats hors normes qui vont endeuiller et stupéfier le monde. Certains les attribuent à un complot d'Etat dont Al Qaîda ne serait que l'outil tandis que d'autres accuseront tout simplement Bush d'avoir laissé faire car la CIA avait eu vent du complot. La CIA aurait même trempé dans des négociations secrètes entre le régime des ayatollah et Washington pour que ceux-ci traînent dans les négociations dans les affaires des otages américains en Iran pour favoriser l'élection du républicain Reagan au détriment de Jimmy Carter. Tout le monde s'accorde à dire que l'affaire libyenne où des diplomates américains ont trouvé la mort est du pain bénit pour le parti républicain dans une campagne électorale qui s'annonce difficile.