Algérie

Trump tempête contre le livre explosif qu'il a alimenté



Tweets colériques à l'appui, Donald Trump tentait vendredi de clore la polémique née de la série d'entretiens accordés au journaliste Bob Woodward, auteur d'un nouveau livre explosif le visant. A 53 jours de l'élection où il affrontera le démocrate Joe Biden, la pandémie de la Covid-19 ? terrain sur lequel il est peu à l'aise ? est, de fait, redevenue le thème central de la campagne. Au lendemain de la publication d'extraits de Rage qui doit sortir mardi, le président américain s'en est pris à son auteur, rendu célèbre pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate dans les années 70. «Bob Woodward avait mes déclarations depuis plusieurs mois», a-t-il souligné dans un tweet, reprenant à son compte les critiques qui visent le célèbre journaliste, figure de Washington. «S'il pensait qu'elles étaient graves ou dangereuses, pourquoi ne les a-t-il pas publiées immédiatement afin d'essayer de sauver des vies '», a-t-il poursuivi. Le président américain a accordé, entre décembre 2019 et juillet 2020, 18 interviews à Bob Woodward. Par téléphone, ou en face-à-face dans le Bureau ovale, ou dans son club de Mar-a-Lago en Floride.Le milliardaire républicain ne pouvait pourtant pas espérer un éclairage positif sur son mandat de la part de l'auteur de Peur, Trump à la Maison-Blanche, livre publié il y a deux ans, dressant le portrait d'un président inculte, colérique et paranoïaque. «Depuis le début, Donald Trump est son propre directeur de la communication», résumait David Axelrod, qui fut conseiller de Barack Obama pour les campagnes victorieuses de 2008 et 2012. «Sa décision d'essayer d'amadouer Bob Woodward, à travers 9 heures d'échanges réparties en 18 interviews (...), pourrait être la plus coûteuse politiquement de sa présidence».
Karl Rove, ancien stratège de campagne de George W. Bush, formulait, lui, une observation en guise d'avertissement : «Si le président ne se concentre pas (...), l'occupant du bureau ovale pourrait bientôt changer.» «J'ai voulu toujours minimiser (le danger)», déclarait le président dans un échange avec Bob Woodward le 19 mars. Or, plusieurs semaines plus tôt, le 7 février, il expliquait au même journaliste combien la Covid-19 était «un truc mortel».
La gestion de l'épidémie, qui a fait plus de 190 000 morts aux Etats-Unis, vaut à Donald Trump de très vives critiques de la part de ses adversaires, mais aussi de scientifiques et de certains élus de son propre camp. Il est accusé d'avoir envoyé des signaux contradictoires et confus, mais aussi d'avoir manqué de compassion face aux ravages provoqués par ce virus. Sondage après sondage, une très large majorité d'Américains jugent sévèrement son action sur ce front. «Je ne veux pas que les gens aient peur, je ne veux pas créer de panique» : l'argument mis en avant mercredi pour expliquer sa réaction a surpris de la part d'un président qui agite depuis plusieurs semaines le spectre d'une Amérique plongée dans «l'anarchie» si Joe Biden l'emportait.
Interrogé jeudi matin sur Fox News, il a encore alimenté les prédictions apocalyptiques. «Je peux vous dire une chose avec certitude : si Biden remporte cette élection, la Chine finira par prendre le contrôle des Etats-Unis», a-t-il affirmé. «Je vais vous dire autre chose : si jamais cela arrivait, vous assisteriez à un krach boursier comme vous n'en avez jamais vu.»


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