Algérie

TROP TARD '



Le régime syrien a finalement accepté le plan de la Ligue arabe, qui prévoit notamment l'envoi d'observateurs étrangers sur place, l'arrêt des violences et un dialogue avec l'opposition. Pourquoi les autorités de Damas ont-elles tergiversé sur la signature de ce protocole pendant des semaines ' Peut-être dans l'idée folle qu'elles pouvaient encore reprendre la main contre les Syriens en révolte et en désobéissance. A moins que la signature n'ait été retardée par des luttes intestines au sein du régime entre ceux qui pensent avoir tout à perdre et ceux qui pensent pouvoir s'adapter.
En tout état de cause, cette signature a été obtenue, selon l'aveu du ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Moualem, sur «les conseils» de Moscou. Les Russes et les Chinois ont fait barrage au niveau du Conseil de sécurité à toute résolution contre le régime syrien. Ils ont donné du temps au régime syrien, qu'il a gâché en aggravant la répression. En présentant un projet de résolution vague au Conseil de sécurité, Moscou a envoyé des messages dans plusieurs directions. Le plus important était destiné à Damas : vous devenez indéfendables. C'est peut-être la première fois qu'il y a eu une brèche dans l'autisme sanglant et destructeur du régime syrien. La digue russe - comme la chinoise ne peut résister à la pression générale et à l'image, peu enviable, que le régime syrien donne de lui-même.
Le problème avec le régime agonisant de Damas est qu'il comprend toujours avec beaucoup de retard. Depuis le début de la crise, les réponses de Bachar Al-Assad ont été constamment décalées et en retard par rapport à l'évolution de la situation. Le cycle de la répression et de la protestation est une démarche d'escalade sans fin qui crée constamment des exigences nouvelles. En Syrie, le régime n'a pas compris que son ordre fondé sur la violence et la corruption sur fond d'un nationalisme extérieur vague et consensuel était terminé. Les Syriens, en révolte, se sont débarrassés du régime «dans leur tête». Et durant ces mois sanglants, le régime a essayé de manière absurde de remettre «le flic dans la tête des Syriens». En vain. Le seul résultat obtenu par cette répression est que le champ de la négociation s'est simplifié : les révoltés ne veulent plus discuter de réformes, mais de départ du régime et de Bachar Al-Assad.
En acceptant, sous la pression des Russes et non pas sur leurs «conseils», selon l'euphémisme d'Al-Moualem, d'appliquer le plan de la Ligue arabe, le régime de Damas confirme sa grande fragilité. Aujourd'hui, il accepte ce plan comme une défaite alors qu'il avait l'opportunité de le faire sans attendre les pressions. On espère bien entendu que l'envoi des observateurs va permettre de stopper la violence et le début de guerre civile avec les signes d'une perte de cohésion de l'armée. Mais rien n'est réglé dans ce pays et les incertitudes restent lourdes.
Les choses sont cependant allées trop loin, du point de vue de nombreux Syriens. Pour eux, la seule question qui se pose est de savoir comment démanteler le régime sans détruire le pays. Il faut souhaiter que les tenants d'un régime politiquement et moralement fini l'aient compris. Et qu'ils cessent de jouer des prolongations sanglantes.


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