Algérie

Trop peu, trop tard



Le mouvement des Frères musulmans, ennemi juré du régime de Hosni Moubarak qui a réussi par la force et la répression à exercer une étroite surveillance sur ce courant ne s’est pas fait prier pour rejoindre le front de la contestation suscitant de grandes inquiétudes aussi bien dans les cercles du pouvoir égyptien que chez les alliés traditionnels du régime : les Etats-Unis d’Amérique et Israël. Les analystes au fait des réalités politiques égyptiennes sont pourtant unanimes à penser que tout risque de récupération du mouvement de colère de la rue égyptienne par les islamistes qui sont la première force politique organisée, officiellement non reconnue mais tolérée, est à écarter. Des contingences intérieures mais surtout extérieures plaident en faveur de cette thèse. Washington qui suit avec un intérêt soutenu l’évolution de la situation sur le terrain veille scrupuleusement afin que l’Egypte en tant que pièce maîtresse de la politique proche-orientale américaine ne bascule dans le giron des islamistes  avec tous les risques de rééquilibrage du rapport de force dans la région que cela impliquerait fatalement en défaveur de son protégé : Israël. Vendredi,  face à l’escalade de la violence et  à la répression sanglante des manifestants avec son cortège de victimes, de blessés et  d’arrestations, le président Obama relayé par la secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Hilary Clinton, ont haussé un peu plus le ton pour demander au président Moubarak d’amorcer des réformes politiques, économiques et sociales, d’être à l’écoute des aspirations populaires et de respecter les droits de l’homme et les libertés fondamentales dans le pays dont le droit de manifester pacifiquement.
Le régime égyptien, qui sait qu’il vit des heures décisives, semble avoir tiré les leçons de l’expérience infructueuse de l’ancien président tunisien Ben Ali dont les concessions successives faites aux manifestants dont celle de ne pas se présenter pour un nouveau mandat présidentiel ne lui auront été d’aucun secours. Hosni Moubarak qui tire sa force de l’appareil de répression policière, bras séculier du régime, a choisi, pour sa part, la manière forte pour mater la rébellion. L’état d’urgence qui court dans le pays depuis plusieurs années a été remis au goût du jour dans la plénitude de ses dispositions en confiant la mission du «rétablissement de l’ordre public» à l’armée. Une série de mesures exceptionnelles ont été prises vendredi, caractérisées notamment par l’entrée en scène de l’armée et l’instauration du couvre-feu dans la capitale, Le Caire, ainsi que dans certaines grandes villes. Sortir d’une part les chars dans la rue pour une mission qui demeure, pour le moment du moins, strictement dissuasive, frapper d’autre part le mouvement de contestation à la tête en neutralisant ses leaders à l’instar de Mohammad El Baradei, ancien directeur général de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique, assigné vendredi à résidence, ce sont là les deux béquilles sur lesquelles s’appuie Moubarak pour venir à bout de la révolte populaire et tenter de sauver son trône et sa tête.
La réponse politique qu’il a formulée vendredi dans son discours à la nation, en congédiant le gouvernement et en promettant des réformes tous azimuts y compris politiques, est perçue par l’opposition comme une manœuvre dilatoire supplémentaire de Moubarak pour se maintenir au pouvoir alors que la rue ne veut plus de changement dans la continuité qui est une spécialité des régimes arabes à facade démocratique, mais le départ du raïs et du régime autocratique qu’il incarne depuis trente ans.
 


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