Algérie

Trop peu monsieur le Président



En partie prenante, on se doit d'aller plus loin que des réformettes qui ne séduisent que leurs concepteurs. On ne peut se prévaloir d'être en phase avec les changements qui s'opèrent autour de nous et offrir, à  une opinion en attente de réels bouleversements, un remodelage d'anciennes lois et les présenter sur un plateau appelé réformes politiques. Trop peu, pour nous, monsieur le Président. Depuis le discours du 15 avril dernier, du temps est passé et continue de passer sans que les attentes des Algériens de se voir prendre leur part de démocratie ne soient effectives. Se suffire aux discussions alibi au sein de la commission Bensalah, puis concocter, dans la plus grande des discrétions, des textes de loi directement liés à  l'avenir de la vie citoyenne, pour finir par pondre au compte-gouttes des textes à  soumettre à  un Parlement croupion, ce n'est assurément pas le schéma que suivrait une réelle volonté de réformer le système politique. On ne négocie pas l'avenir d'un pays comme on négocie une transaction. Le choix est simple à  faire, il s'agit soit d'opter pour l'ouverture ou se condamner à  voir le changement se faire sans nous. Alors qu'on l'avait présenté comme un Conseil des ministres décisif devant aboutir à  offrir, aux Algériens, la feuille de route des réformes politiques, la rencontre du Président avec ses ministres s'est finalement soldée par l'adoption des projets de loi électorale, de la représentation féminine dans les Assemblées élues, et le code de wilaya. Les lois sur les partis politiques, les associations et sur l'information ont été reléguées à  une autre échéance. On adopte les textes techniques et on gagne davantage de temps avant de passer aux textes de fond. N'est-ce pas une preuve supplémentaire que les propositions faites à  la commission Bensalah n'ont eu aucun impact sur la conception des futurs textes de loi ' En guise de loi révolutionnaire, on propose le système des quotas pour augmenter la représentation des femmes au sein des Assemblées élues. Encore une fois, le pouvoir agit avec un des moyens qu'il affectionne depuis janvier dernier, la charité. Alors que nos voisines tunisiennes ont arraché la parité, que les femmes du monde aspirent à  l'égalité, la vraie, en Algérie on nous sert ce concept charitable des quotas comme un grand privilège. Oui, pour rendre les femmes visibles, mais qu'elles le soient en bénéficiant des mêmes chances que les hommes. On ne peut prétendre à  la modernité, quand même nos lois nous confinent dans des classements sexistes. Que femmes et hommes jouissent des mêmes chances d'accéder aux postes de responsabilité politique ou autre. Le système des quotas a échoué dans de nombreux pays, car ne reflétant pas la réalité de la représentativité féminine. On ne peut se suffire de ce pas, lorsque nous aspirons à  l'égalité. Une égalité dans les textes juridiques, mais aussi dans la société. Trop peu pour nous, les quotas, monsieur le Président. La promotion des droits des femmes passe par l'abrogation du code de la famille, par la lutte dans la société contre les forces conservatistes aux visées rétrogrades, et par briser le schéma de domination de la femme par l'homme. L'égalité est trop sérieuse pour la confier à  une trituration de textes qui a peu d'effets sur la vie des Algériennes. Oui à  la Parité et non à  la Charité.
 


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)