Algérie

Trop jeune, Noé, trop jeune



Dans certains coins du monde, insensibles aux nouvelles technologies et aux progrès de l'humanité, on continue à compter sur les doigts pour connaître à peu près l'âge des peuples et à recourir aux pratiques ahurissantes des tout premiers sorciers pour tenter de prédire les jours... passés !

Dans ces endroits-là, où le temps va à reculons, il n'est pas étonnant de refaire des rencontres déjà faites et d'entendre des choses déjà entendues. Et comme si la bêtise y était le fil conducteur le plus puissant, on ne finit jamais de sauter d'une aberration à l'autre.

L'une des bêtises justement, c'est celle qui consiste, pour certains, à se croire affranchis des contraintes du temps et de l'espace, et donc à croire en leur propre pérennité. La réputation des oliviers séculaires devient alors, ici et là, ridicule devant l'intention clairement affichée d'individus qui comptent bien rivaliser en longévité avec Noé et le dépasser, et les prétentions ne peuvent que se situer au-delà des limites et des mesures pour offrir des spectacles, déjà vus bien sûr, qui agressent aussi bien le bon sens que la pudeur.

Tout le monde sait pourtant que ni l'odeur répugnante de cirage dans les cheveux, ni le contraste trop fort entre les séquelles du temps et la couleur trop foncée de la tignasse ni, encore moins, la peine à faire semblant de paraître indéfiniment «jeunes et vivants» ne peuvent tromper. Il ne sert à rien, absolument à rien, de vouloir vivre le temps des autres après avoir vécu sa propre ère. Et s'il est une indécence en ces jours bizarres, c'est celle de se croire apte à enjamber le temps et l'espace sans prendre une ride.

Lorsqu'ils ne cherchent pas à léguer les peuples à leurs propres descendants, certains les considèrent si incapables et inaptes qu'ils s'en voient les tuteurs naturels pour lesquels il faut remercier Dieu de les avoir envoyés.

Aussi longtemps que la mémoire, de dimension humaine, peut remonter dans le temps, on trouve toujours les mêmes noms à la rime si chantante, les mêmes visages inaltérés par des siècles de gouvernance, l'éternelle jeunesse des uns malgré leur âge avancé et l'inévitable sourire des autres. C'est pour faire plaisir aux peuples, dit-on, qu'ils sont là. C'est parce que les peuples insistent qu'ils ne peuvent refuser de servir les pays et les nations... Certains iront même jusqu'à dire que c'est parce qu'ils n'ont pas trouvé de remplaçants valables (!!!) qu'ils se... sacrifient.

Et tous, indifféremment du prétexte qu'ils donnent à leurs miroirs ou de l'argument qu'ils se servent au petit-déjeuner, ne se rendent même pas compte combien, en jouant, ils rivalisent avec Noé en longévité et parfois même avec l'univers.

Aux dernières nouvelles, il paraîtrait que certains sont sur le point de battre tous les records..., juste de quoi leur donner des raisons valables de prétendre encore à quelques éternités... pour le bien des peuples !




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