Algérie

Trop de richesse nuit



C'estcurieux, malgré la baisse des prix des viandes, les Algériens ne se bousculentpas chez le boucher. Ils ont appris, dit-on, à se méfier de tout, si lesmaquignons ont décidé de brader leur cheptel, c'est qu'il y a sûrement arnaque.La sécheresse n'explique pas tout, vous dira la ménagère qui scrute un quartierde viande sous toutes ses coutures en espérant trouver ce qui pourraitjustifier sa méfiance. Allez lui expliquer que, faute de pâturages, leséleveurs du Sud et des Hauts Plateaux sont montés un peu plus au Nord, pournourrir leurs bêtes et qu'ils sont obligés de se séparer d'une partie de leurtroupeau, pour pouvoir dépenser suffisamment pour garder le reste. De toutefaçon, elle ne vous croira pas et vous dira qu'elle l'a déjà achetée la veilleet a trouvé comme un arrière-goût... Au fait combien sont les Algériens quiprofitent de cette baisse et qui achètent chaque jour de la viande ? Ils nesont pas nombreux n'est-ce pas ? Entre nous, est-ce que c'est vraiment cetteméfiance qui explique la frilosité des citoyens face à une baisse sansprécédent des prix de la viande ? On vous le dit, c'est une histoire à dormirdebout. On voit mal l'Algérien, qui ne mange la viande que dans les grandesoccasions, faire la fine bouche et chercher les poux dans la tête du malheureuxboucher. Il faut bien avouer qu'il n'a pas les moyens de cette ambition encoremoins celle de manger la viande tous les jours, fût-elle à 400 dinars lekilogramme. Si on regarde bien cette fameuse baisse qui aura fait que le prixde la viande frôle les 400 dinars, on remarque qu'elle n'est significative quepar rapport aux prix habituels de 700 et 800 dinars et surtout pas par rapportaux bourses modestes. On a été tellement habitués à voir les prix toujoursgrimper que c'est la fête quand il arrive qu'ils baissent. D'autant mieux quece n'est pas les prix de n'importe quel produit qui ont baissé. C'est ceux dela viande s'il vous plaît ! Sauf que cela n'arrange que les citoyens qui ont leporte-monnaie toujours plein. Pensez-vous, voir un smicard manger la viandetous les jours ! C'est en tout cas pas pour aujourd'hui. Faites le calcul. Acheterun kilogramme de viande quotidiennement, c'est exactement laisser une facturede 12.000 dinars à la fin du mois chez le boucher du coin.Etdire qu'on annonce à grosses manchettes dans les journaux que la viande estdésormais à la portée des petites bourses. 400 dinars, c'est tout l'argent quegagne notre smicard après une journée de labeur. Pour se permettre ce luxe desurcroît conjoncturel, il sera obligé de faire des heures supplémentaires. Dumoins avant que les prix ne prennent encore une fois l'ascenseur. Aux dernièresnouvelles, le gouvernement a interdit l'importation de la viande ovine, pourpermettre aux prix de grimper. Paraît-il, il veut éviter aux petites bourses detomber malades pour avoir consommé trop de viande. Peut-être que trop derichesse nuit.


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