Algérie

Trop chers pour un impact discutable



Trop chers pour un impact discutable
Les festivals se succèdent et se ressemblent. On convie des artistes de tous les horizons pour faire la foire durant une bonne quinzaine, puis plus rien. Une brève «illusion culturelle» qui coûte, bien sûr, des milliards de centimes au Trésor public. Car, il est connu et admis de tous que l'organisation de ce type de manifestations revient excessivement cher. Faire venir des dizaines de créateurs et critiques, nationaux et étrangers, les payer, leur assurer le gîte et le couvert, exige la mobilisation de gros moyens logistiques et financiers. Cela va de soi, souvent, les organisateurs et les prestataires locaux se sucrent aussi au passage. Sous d'autres cieux, un tel investissement génère, à court et moyen termes, des plus-values en matière de pérennisation de la dynamique culturelle, de développement des métiers de l'art, de création de nouveaux emplois dans le domaine et de promotion touristique. Rien de tout cela en Algérie. L'impact durable de ces grands événements est presque nul. C'est un constat largement partagé. Pis, certains festivals, qui cumulent déjà plus de dix ans d'existence, sont boudés par ceux-là même qui sont censés les promouvoir. Il arrive, en effet, que des commissaires, théoriquement chargés de l'organisation et du succès de ces rencontres «zappent» les diverses attractions. Ils pointent à l'ouverture des festivités en présence des officiels, puis ils s'éclipsent pour réapparaître au gala de clôture avec leurs illustres hôtes.Afin de mettre un peu d'ordre dans tout cela, le ministère de la Culture avait réuni, début 2012, les commissaires de festivals pour en discuter, tirer des bilans et tracer des perspectives nouvelles. Selon les échos émanant alors de cette rencontre, il était convenu d'étoffer le cahier des charges en quête d'efficacité et d'excellence. On pense naturellement à la formation, à l'encouragement des amateurs, à une meilleure synergie avec le tissu associatif local, à plus d'ouverture envers le public (écoles, universités, instituts, centres de formation et petites localités du pays profond) et à une présence plus active dans les médias et sur Internet. Car, il y va aussi de l'image du pays et de l'évolution naturelle de la manifestation.Deux ans ont passé depuis, mais rien, ou presque, n'a changé dans le mode opératoire et les m?urs des faiseurs de festivals. Faute d'imagination et de compétence -sommes-nous tentés de dire-, on continue sur la même voie sans issue. Le Festival international du théâtre professionnel de Béjaïa, qui est à sixième édition, n'échappe pas à cette règle. Annoncé en grande pompe pour le 29 de ce mois d'octobre, le programme des activités ressemble curieusement au précédents rendez-vous. Mis à part le changement de décor, l'ouverture étant prévue à bord d'un bateau au niveau du port, pas d'amélioration notable concernant la portée profonde de cet événement majeur de la scène locale. Comme d'habitude, on parle d'une vingtaine de pays (d'Europe, d'Afrique, du Proche et Moyen-Orient) attendus, avec une trentaine de spectacles, d'un colloque sur «Le théâtre et l'architecture» et d'un hommage à Kateb Yacine. Pour soi-disant décentraliser les activités du festival, une seule sortie est prévue sur la petite ville mitoyenne de Tichy, probable lieu d'hébergement des festivaliers. Evidemment, on est loin des ambitions légitimes d'un tel projet en termes d'implication du mouvement culturel local, d'initiation des amateurs aux métiers du théâtre et de promotion touristique à travers la découverte de toute la région de Béjaïa.L'objectif principal d'un festival est de créer une dynamique culturelle et artistique durable à travers le développement des synergies entre ses différents partenaires. Il ne suffit pas de faire un cérémonial et de disparaître pour revenir une année plus tard. Le ministère de tutelle, qui casque sec pour cela, est en droit d'exiger de la qualité et de l'excellence. L'argent du contribuable doit servir la cause de la culture algérienne, avant toute autre considération.K. A.




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