Algérie

Troisième jour de sit-in des 4e année



C'est l'établissement le plus surchargé de la wilaya et probablement de tout le pays : il compte près de 1000 élèves pour une capacité maximum de 600. 24 divisions avec des classes de 45 élèves. C'est l'établissement de Gelas, le ghetto d'El Kala, le quartier de la misère et des laissés-pour-compte. Il y a un directeur chaque nouvelle année. Des stagiaires de passage pour une autre affectation. Et parfois pas de directeur du tout. La violence est coutumière, mais on fait tout pour la dissimuler pour ne pas éclabousser « la famille de l'éducation ». C'est le paradis des redoublants, triplants, quadruplants et quintuplants qui atteignent parfois 20 ans avant que l'on ne se décide enfin à les exclure du système éducatif. Au nom du sacro-saint principe de ne pas jeter les enfants à la rue, toutes les dérives sont admises, permises et cautionnées par la tutelle, quand ce n'est pas elle qui les encourage. « Que puis-je faire contre des interventions venant de ma hiérarchie ' », avoue un responsable de ce secteur.Les élèves de 4e AM refusent d'aller en classe depuis trois jours. Ils protestent, comme leurs parents, par ailleurs, contre le fait que deux mois après la rentrée officielle et après avoir passé les premiers examens, on bouleverse complètement les listes des quatre classes de 4e AM pour les recomposer en y intégrant une trentaine d'élèves de 18 ans, renvoyés l'année dernière et à qui le ministre de l'Education offre une nouvelle chance. Les parents ne comprennent pas non plus cette manière d'agir que le directeur de l'établissement nous dit tout à fait conforme à la réglementation.« Nous avons ajouté une cinquième division en 4e AM pour ne pas surcharger les quatre premières, mais on ne peut y mettre seulement les élèves récupérés, c'est antipédagogique », nous a-t-il déclaré pour expliquer la reconfection totale des listes et des emplois du temps. Pour les parents, qui se plaignent déjà des résultats de leurs enfants, ce rajout de dernière minute va accentuer le nivellement par le bas des résultats de cet établissement déjà pas très brillants.Dans les autres collèges, le problème ne se pose pas, car ils n'ont pas eu à récupérer autant d'élèves exclus. Les discussions et rencontres entre parents et administration n'ont pas abouti. L'administration s'en tient à ses circulaires et ses injonctions « d'en haut » et c'est tout ce qu'elle peut faire. « On comprend encore moins, nous disent des parents dont les enfants, en terminale de l'ancien système, ont été exclus de fait après leur second échec au bac, que le sacro-saint principe de ne pas jeter les jeunes à la rue et de leur donner encore une chance ne soit pas appliqué aux élèves de 17 et 18 ans qui étaient en 3e AS.C'est vraiment deux poids et deux mesures. » Selon un député de la wilaya, qui a eu à s'occuper de cette question, la direction de l'éducation, à qui revient en fait la décision de récupérer les élèves de terminale malchanceux, n'aurait pas les moyens humains de généraliser une telle mesure aux 20 établissements secondaires de la wilaya, même si certains se sont prononcés très favorablement pour une telle initiative.


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