Sous le thème «La littérature féminine entre les défis de l'écriture et les perspectives des libertés», s'est tenu du 18 au 20 mars courant le troisième colloque «Safia Ketou».
En cette occasion, un riche programme a été concocté conjointement par la Direction de la culture, la Maison de la culture, et l'association culturelle «Safia Ketou», où une exposition de ses œuvres, des photos, des portraits d'écrits et de documents ; des conférences, des interventions, des témoignages et des débats ont été au programme. D'éminents hommes de culture et de lettres, docteurs, professeurs et invités d'honneur, ont participé à ce rendez-vous culturel, entre autres, le Dr Makhlouf Amer de l'université de Saïda ; le Dr Mohamed Djedidi, philosophe de l'université de Constantine ; Abderrezak Boukeba, journaliste ; le romancier Abdelwahab Benmansour de l'université de Tlemcen ; le Dr Bachir Khelifi de l'université de Mascara ; le Pr Mohamed Faied de l'université de Tissemsilt ; l'écrivain Bachir Khelif d'El-Oued ; les romanciers Salah Saâdi et Emilie Fréha sont venus de Djelfa ; ainsi que les écrivains et romanciers locaux, à l'exemple de Ahmed Achouri, Amine Saïdi, Medjdoub Arbaoui, Habib Chami, Ahmed Benchérif, Sabah Benchérif, Boudaoud Amier, Belkheir Khiri, Mahiedine Brezini, etc. Après les interventions, notamment de bienvenues, présentées respectivement par le directeur de la culture, le directeur de la Maison de la culture et le président de l'association «Safia Ketou», c'était au tour du témoignage du journaliste Abderrezak Boukeba, qui a participé au recueillement organisé le 29 janvier dernier au pont de Télemly où Safia a trouvé la mort, il dira en substance que beaucoup de gens (journalistes et hommes de culture) ont répondu à l'initiative de la journaliste Faïza, avec des fleurs jaunes, et des bandes jaunes, symbole «Aïn-Sefra». Concernant les conférencesdébats : le Dr Makhlouf Amer a consacré sa conférence à la littérature féminine en Algérie ; Le Dr Mohamed Djedidi est intervenu sur la philosophie et l'écriture littéraire chez la femme ; vint après l'intervention du Pr Ahmed Achouri, sous le thème «La violence sur l'écriture féminine» ; quant à la romancière Emilie Fréha, elle a présenté son expérience sur l'écriture féminine. Pour la seconde journée, plusieurs écrivains et romanciers se sont succédé à la tribune pour présenter leurs œuvres. Alors que la troisième et dernière journée a été réservée aux hôtes à une virée touristique à travers les sites de la Dzira, de l'oasis de Tiout, et de la station thermale d'Aïn-Ouarka.
Safia Ketou : une femme singulière
II y a 23 ans, le 29 janvier 1989, nous a quittés tragiquement Safia Ketou, alias Zohra Rabhi, poétesse et romancière, journaliste et écrivaine. Aujourd'hui, nous revisitons sa mémoire par la tenue de ce troisième colloque commémorant sa disparition. Qui est donc cette brave dame qui a bravé les forces de l'Algérie post-indépendance ' Safia Ketou, de son vrai nom Zohra Rabhi, a enseigné de 1962 à 1969 à l'école laïque d'Aïn-Sefra, puis s'est rendu à Alger, occupant un poste au ministère de l'Enseignement. A partir de 1973, elle opta pour une autre carrière : critique d'art et journalisme et fit ses premiers pas à l'APS (Algérie presse service). Elle est l'auteure de plusieurs écrits et œuvres entre autres, Amie cithare(1979), un recueil de poésies, ainsi que La planète mauve (1983), tous deux édités par les éditions Naman (Canada), et d'une pièce théâtrale tournée à l'époque à la RTA intitulée Asma. Elle était aussi membre de l'Union des écrivains algériens. Safia Kettou, a chanté l'enfant et la nature, la tendresse et les arts. Elle a célébré la paix, la liberté, la mère et la terre. Elle a dénoncé la misère, l'injustice, l'exploitation et le racisme. Elle a composé pour les cinq continents parce qu'elle espérait qu'un jour la guerre disparaîtra, que la justice sociale sera un fait concret et que la fraternité aura le dernier mot. Dans son recueil de poésie Amie Cithare, Safia se fait tout à la fois interprète et sœur par la plume et par la pensée de ses peuples, qu'ils soient Chiliens, Palestiniens, Libanais ou autres, que l'oppression et l'injustice sont maintenues dans une condition de sous-humanité. Tortures physiques et morales des prisonniers ; angoisses éprouvées dans les recoins les plus repoussants des bidonvilles ; fierté de la mère du martyr ; cris agonisants arrachés par le napalm et les bombes incendiaires ; sont autant de souffrances présentées par l'auteure. Un autre recueil : La planète mauve et autres nouvelles, présenté par l'éditeur comme le premier écrivain algérien à avoir écrit des récits de science-fiction. L'ensemble des nouvelles est conçu comme une structure ambivalente : le vécu et le fantastique tel : Symphotérapie; la Lune en flamme ; Vika : reporter spatial ou encore la Femme abstraite. Dans ces deux parties, c'est la lutte éternelle entre le bien et le mal ; le passé et le présent ; la beauté et la laideur. Native de Aïn-Sefra, cette charmante ville qu'elle a tant chérie par ses écrits, un certain 15 novembre de l'automne 1944, Safia Ketou disparut tragiquement à l'âge de 45 ans au pont de Télemly à Alger. Elle repose éternellement aux côtés de sa consœur Isabelle Eberhardt au cimetière Sidi- Boudjemaâ de Aïn-Sefra. Elle reste éternelle dans les cœurs des Safraouis qui ont fait de Safia Ketou, une association à caractère culturel, défendant, protégeant et conservant le patrimoine culturel de la région.
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Posté Le : 21/03/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : B Henine
Source : www.lesoirdalgerie.com