Algérie

Trois semaines pour convaincre un électorat désabusé



Trois semaines pour convaincre un électorat désabusé
C'est parti. La campagne électorale en vue des élections législatives du 10 mai prochain démarre officiellement, aujourd'hui, sur fond de crise qui secoue nombre de formations politiques, mais surtout dans une ambiance de désaffection générale des citoyens.
Pour la majorité de la classe politique, une «participation massive» est l'enjeu même de cette élection particulièrement ordinaire. L'abstention est fortement redoutée. L'engouement populaire n'est pas perceptible. Les préoccupations des Algériens sont peut être ailleurs. «Il n'y a aucun signe qui prouve un brin d'intérêt pour cette élection», témoigne un jeune de 34 ans qui ne s'est jamais servi de sa carte d'électeur.
Les 44 partis politiques qui vont se disputer les 462 sièges de la future Assemblée nationale auront fort à faire pour convaincre les masses à se rendre aux urnes. L'interminable matraquage des médias publics invitant les Algériens à prendre part aux élections révèle l'inquiétude des autorités politiques du pays face à une forte abstention. Le spectre d'une éventuelle désaffection serait un sérieux revers pour le régime. Il y va de la crédibilité des «réformes politiques» engagées par le président de la République.
Ce dernier s'est lui-même impliqué pour peser dans la balance électorale. Après avoir érigé démesurément le scrutin du 10 mai au rang de «deuxième 1er Novembre 1954», le chef de l'Etat a réitéré, à la veille de l'entame officielle de la campagne, son «appel à une mobilisation nationale». Dans une lettre à l'occasion de la Journée du 16 avril (Youm El Ilm), Abdelaziz Bouteflika a indiqué que les prochaines législatives constituent «une phase cruciale et un pari décisif qu'il nous incombe de gagner car nous n'avons d'autre choix que de réussir». Il lance un appel aux électeurs. Ce cri sera-t-il entendu ' Pas si sûr, à en croire certains observateurs et autres analystes.
«Les Algériens sont tellement déçus et bernés pas les expériences passées. Ils pensent à plus forte raison que les jeux sont faits, que la logique des quotas est de mise et surtout que ces élections ne vont pas impacter directement leur vie. Ajouter à cela la manière douteuse avec laquelle les listes électorales ont été confectionnées n'a pas laissé bonne impression chez les électeurs», a jugé le politologue Mohamed Hennad. «Il ne suffit pas d'un matraquage médiatico-politique pour convaincre. Les citoyens eux attendent des actes concrets permettant de redonner confiance», ajoute encore M. Hennad, qui évoque «une campagne qui s'annonce terne».
Le FFS, dont la participation aux législatives a suscité «une surprise», ne cache pas sa crainte de voir «des forces casser l'espoir suscité» par sa décision. «Notre participation a suscité la surprise chez la population mais en même temps de l'espoir. Cependant, nous sentons que certaines forces sont décidées à casser cet espoir», a déclaré Chafaâ Bouiche, porte-parole du parti.
De son côté, la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSEL) estime que la campagne «ne démarre pas dans de bonnes conditions».
Pour le moment, on ne peut dire que cette campagne électorale débute dans de bonnes conditions dans la mesure où toutes les doléances de la Commission n'ont pas été prises en charge. « La question du bulletin de vote n'est pas tranchée. La mesure sur les quotas de femmes n'est pas encore clairement définie et le tirage au sort des passages sur les médias publics, qui devait se faire normalement 72 heures avant l'entame de la campagne, ne s'est fait qu'aujourd'hui (hier)», nous a confié Samir Larabi, membre de la CNSEL. Devant le pouvoir et la classe politique, trois semaines pour convaincre une population dont l'opinion est déjà faite.




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