Algérie

Trois mois après son entrée en vigueur : Le cafouillage continue autour du crédit documentaire



Plusieurs semaines après l'entrée en vigueur de la loi de finances complémentaire 2009 qui impose le crédit documentaire comme seul moyen de paiement des importations, cette mesure suscite toujours des appréhensions chez les opérateurs économiques et les importateurs. Le président-directeur général de la Banque nationale d'Algérie (BNA), Mohamed Seghir Benbouzid, était hier assailli de questions par les clients de cette institution financière, venus fort nombreux pour évoquer les difficultés auxquelles ils font face avec cette nouvelle donne. Prenant la défense du crédit documentaire, M. Benbouzid Seghir signalera d'emblée que le paiement par la voie de « transfert libre devait être exceptionnel pour faire face à des situations d'urgence. Il n'a jamais été un moyen de paiement permanent ». « On s'est retrouvés avec 75% de transferts libres », a-t-il regretté. Les chefs d'entreprise, présents à cette réunion, ont déploré le fait qu'on ne leur ait pas accordé un sursis pour se préparer. « Il aurait fallu que ça soit programmé dans la loi de finances 2009 pour le mois d'août. Comme ça on se serait préparés. On se réveille tous les matins avec une nouvelle loi », s'est insurgé l'un des intervenants. De nombreux opérateurs ont déploré l'absence d'interlocuteurs mettant en avant un déficit criard en communication. « Nous sommes des laissés-pour-compte. Personne ne nous reçoit et on ne nous répond même pas au téléphone », souligne un autre participant.Certains industriels ont dénoncé le fait « qu'on ne fasse pas le distinguo entre un producteur qui emploie des dizaines d'ouvriers et un importateur qui fait de la revente en état ». Un fabricant de produits cosmétiques s'est vu exiger de payer 110% pour l'importation de matières premières alors que la loi permet de n'avancer que 25% du montant nécessaire. Ils ont également reproché à la banque les délais de traitement des demandes pour l'ouverture d'une lettre de crédit documentaire qui, selon eux, se caractérise par une lenteur pénalisante pour leurs activités respectives. « On a introduit notre demande le mois d'août et elle n'a toujours pas été traitée. On a perdu plusieurs marchés et on n'a pas soumissionné pour certains contrats, car on a peur de ne pas pouvoir assumer », soutient avec véhémence un opérateur de la wilaya de Tizi Ouzou. « On risque de nous retrouver en rupture de stocks à cause des lourdeurs bancaires », renchérit un autre intervenant. Le PDG de la BNA a assuré que le délai de traitement ne saurait dépasser les 45 jours « au maximum ».Le représentant de l'Institut Pasteur a souligné pour sa part que les banques doivent « réserver la priorité à certaines institutions eu égard aux produits qu'elles importent et qui sont stratégiques pour la santé publique ». « On importe juqu'à 90% des produits pour la revente en l'état et on ne bénéficie d'aucun avantage. Nos clients qui sont des institutions sanitaires ne sont pas forcément de bons payeurs. Il faut intervenir pour que nos dossiers passent en priorité », a-t-il confié. Un responsable de la Pharmacie centrale des hôpitaux a abondé dans le même sens en indiquant que si jusqu'à présent il n'y a pas eu de contraintes en raison de la disponibilité des stocks, le problème de financement risque de se poser à l'avenir. Devant ce flux de doléances, M. Benbouzid Seghir a assuré que « la banque n'a pas intérêt à atteindre ses clients ». « Vous êtes dans une banque dont vous constituez le fonds du commerce », a-t-il lancé aux opérateurs économiques dans la salle. « Il y a un problème de compréhension. Il n'y a pas d'incidence du point de vue coût. Il faut qu'ils (les clients) négocient correctement avec les fournisseurs. Ils sont braqués un peu sur la LFC 2009 qui est une décision politique qui va dans l'intérêt de l'économie nationale. Le crédit documentaire sauvegarde les intérêts des importateurs eux-mêmes », note le premier responsable de la banque publique. Depuis l'application du crédit documentaire, le nombre d'opérations a été multiplié par dix alors que le volume n'a augmenté que de 5% à la BNA, observera-t-il.


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