Algérie

Trois jours à Djanet: La magie du Grand Sud



Trois jours à Djanet: La magie du Grand Sud




Merveilleuse excursion que celle qui nous a permis d’aller à la découverte du Grand Sud et toutes ses magnifiques offrandes. Retour sur une inoubliable randonnée qu’on aurait tant voulu prolonger...

De notre envoyé spécial: Makhlouf Aït Ziane

Le thermomètre indique 10° à l’aéroport de Djanet. C’est un samedi 27 novembre 2012. L’horloge affiche 4h00 du matin. Le vent souffle légèrement. Le silence règne en maître absolu. Malgré la fatigue du voyage qui a duré quatre heures, l’ambiance au sein du groupe est plutôt conviviale, et tout le monde est détendu. Djanet, une cité saharienne réputée pour sa beauté et son architecture typique. Elle est connue aussi pour son envoûtante musique targuie. Djanet, un voyage dans un esprit d’ouverture, de recherche d’authenticité et de découverte.

Sous les étoiles

Nous prenons place dans un 4x4 bien équipé pour la circonstance. Direction l’hôtel Ténéré, distant d’une vingtaine de kilomètres de l’aéroport. En passant par le centre-ville, encore calme à cette heure, seul le sifflement aigu du vent apporte un doux parfum saharien. Le ciel est clair et plein d’étoiles, éclairant ainsi notre chemin. «Nous n’avons pas besoin des phares», souligne notre chauffeur. A cet instant, nos yeux baignent dans tout le romantisme du désert. Après une quinzaine de minutes, nous arrivons enfin à l’hôtel, terrassés par la fatigue.

Les Touaregs, un peuple qui a conservé jalousement sa culture

L’horloge affiche 7h00. Une matinée propice au déplacement. Nous prenons place dans une voiture réservée. Direction, les sites touristiques situés au centre-ville de Djanet et les régions limitrophes. A cette occasion, le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme auprès du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, M. Mohamed Amine Hadj Said, s’est entretenu avec les responsables des agences de voyages de la région, en leur promettant de prendre en considération leurs doléances. Cette ren- contre avec les opérateurs et acteurs du secteur, a-t-il indiqué, permettra de «se pencher sur les con traintes qui entravent leurs activités et de trouver les solutions idoines par la conjugaison des efforts des agences touristiques, avec le concours des autorités centrales». Lors de cette rencontre, nous avons remarqué le savoir- faire des Touaregs en matière de tourisme, leur inquiétude quant à l’avenir de ce secteur. Le visage entièrement recouvert d’un voile, seuls leurs yeux sont visibles, ces hommes en tout cas conservent jalousement leurs coutumes et forcent l’admiration pour avoir su préserver leur identité culturelle.

La Sbiba, une légende

Il est 16h00. Le moment d’assister à la fête locale de la Sbiba arrive. Une fête traditionnelle qui se tient depuis le premier jour de l’Hégire jusqu’au jour de l’Achoura. Pas loin du centre-ville, à Doghia, des grappes humaines se dirigent vers cette plaine où se tient l’événement. Ce qui a suscité notre attention est le nombre important de visiteurs présents pour assister à cette fête traditionnelle venus de différentes régions du pays et même de l’étranger. Un cercle est formé par les habitants de la région à l’intérieur duquel deux groupes de différentes tribus el Mihane et Azaouad font des exhibitions selon le rythme traditionnel. Les femmes vêtues des habits traditionnels récitent la poésie ,«Tissiway », qui traite de différents thèmes puisés des coutumes de la région. Quant aux hommes, ils exécutent des danses populaires sur fond de tambourins. La présence d'enfants aux festivités confirme l’attachement des Touarèg à cette coutume ancestrale, en sauvant de la disparition ce riche legs culturel. Notre présence à cette fête nous a permis de changer d’époque. Subitement les nuages couvrent le ciel et quelques gouttes de pluie fine s'invitent dans la partie. Nous quittons les lieux dans l’espoir d’y retourner un jour. La Sbeiba, un repos de l’esprit, un retour à une époque lointaine.

Thighmass: Un site naturel sans pareil

Lendemain matin. 7h00. Un moment propice à une randonnée au parc du Tassili. C’est l’un des plus importants parcs nationaux du monde. Le soleil remonte comme une boule rouge, réchauffant par son rayonnement intense la région. Ce moment nous a subjugué. Un bon signe pour notre randonnée. Et c’est sous les éclats du soleil sur le sable que le cortège des 4x4 s’ébranle. Déjà, rien qu’en pénétrant dans le parc, tout le monde est surpris par cette beauté naturelle. Direction un site nommé Thighmass. C’est-à-dire «les dents». Nous traversons toujours à bord de nos 4x4 ces magnifiques dunes dorées. Un moment qui nous a permis d'apprécier tous les charmes d'une excursion dans le désert. Le paysage alentour est magnifique, marqué de dunes et de roches.

Les gravures rupestres, selon le guide, remontent à la période des Cabalines, il y a 1 200 ans, suivie par la période des chameaux. Le guide ne cesse de répéter qu’il est important de protéger ces gravures. «Nous avons des clichés numérisés de ces peintures tant qu’ils figurent sur les circuits touristiques. On ne peut pas interdire à tout le monde d’accéder à ce musée parce que c’est un musée à ciel ouvert ».

Tikoubaouine et la vache qui pleure

Notre itinéraire nous mène ensuite au site de Tikoubaouine. C’est-à-dire les épis, un site qui donne l’impression de vivre un véritable rêve. Tout le monde crie comme pour libérer son énergie. «Il faut profiter au maximum de cet instant», souligne le journaliste de la chaîne Berbère TV.
Le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme affirme qu’il sera toujours fasciné par ces sites touristiques. Nous poursuivons notre randonnée pour rejoindre une autre escale distante d’une cinquantaine de kilomètres de Tikoubaouine. Le site dit Tegharghart.

Deux gigantesques rochers situés au milieu des dunes. Ils ouvrent sur un pittoresque paysage. Sur ces rochers, on peut observer de très belles gravures, des troupeaux de vaches, dont l'une semble pleurer à chaudes larmes.

Selon les explications du guide ces vaches,qui sont une race rare, pleuraient quand il faisait chaud. Autrement dit, la disparition d'un point d'eau sur ce site serait à l'origine de ce grand chagrin.

Le moment de quitter les lieux arrive. Le soleil rejoint l’horizon. Le froid commence à se faire sentir. C’est notre dernière soirée à l’hôtel, nos hôtes nous feront l'honneur d'un plat traditionnel. Instants d'émotion et d'amitié. Total décalage avec la réalité quotidienne.

A 2h00 du matin, nous prenons l’avion : destination Alger, avec l’espoir de revenir un jour. Djanet restera une destination inoubliable.

M. A. Z.


Des sites touristiques pas encore ouverts au public

«Il y a des réserves intégrales à l’intérieur du Tassili qui ne sont pas encore exploitées», c’est en ces termes que s’est exprimé l’ancien directeur du parc tassili. Ajoutant que «ce sont des peintures et des sites qui ne sont pas encore étudiés». L’accès y est interdit. Selon lui, il y a plusieurs sites qui sont exclus des circuits touristiques et qui présentent un intérêt scientifique très particulier. Et de poursuivre: «Nous les connaissons, nos guides les connaissent, mais ils ne sont pas ouverts au public». Selon lui, c’est une façon efficace de protéger ces sites.

Les pillards du patrimoine

«La problématique de la conservation se présente par rapport à l’exploitation touristique illicite», c’est ce qu’a indiqué l’un des responsables du parc Tassili. Selon lui, il existe un trafic de biens culturels, patrimoine de la nation, dont souffre le parc du Tassili. Ce phénomène n’est pas imputable aux agences touristiques, mais aux free-lance. «On vient et on prend des photos, même des plans entiers de site de gisements de surface en l’exploitant d’une manière illégale, sans se conformer à l’article 27 de la loi 98-04 relative à l’exploitation de l’image», a-t-il ajouté. Il dira dans ce sens que «c’est un problème auquel nous faisons face», avant d’ajouter que «certaines affaires sont confiées à la justic ». «Certes, le phénomène a un peu diminué mais il reste encore beaucoup d’efforts à déployer», a-t-il conclu.

C’est quoi la Sbiba ?

Cette fête annuelle puise son origine dans l’histoire ancienne de la guerre que se livraient les deux principales tribus touareg du Tassili N’adjjers et le pacte de paix qu’elles signeront après des années d’affrontements.







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