Algérie

Triste !



Triste fut la journée d?hier pour la presse, la justice et les libertés. La cour d?Alger a maintenu la peine prononcée il y a deux mois par le tribunal d?El Harrach contre Benchicou, n?accédant pas en appel à la demande de la défense de relaxation pure et simple du directeur du journal Le Matin. Rejetant l?acte d?accusation basé sur « le transfert illégal de bons de caisse », les avocats avaient axé leur plaidoirie sur le fait que Benchicou n?avait à aucun moment dérogé à la loi et que l?affaire sur laquelle il est jugé doit être frappée de nullité. La cour d?Alger n?a pas été sensible à leur argumentation, pourtant suffisamment étayée et avec brio, et a refusé au journaliste la mise en liberté. Celle-ci viendra-t-elle de la Cour suprême ou d?une éventuelle grâce présidentielle ? La déception était immense hier chez ses proches, amis, confrères et sympathisants qui avaient caressé l?espoir, avant le couperet du verdict, que le 11 août allait être son dernier jour de prison. Mais les juges avaient décidé de prolonger le calvaire avec son lot de douleurs physiques et morales que va davantage amplifier le sentiment d?une immense injustice : le directeur du Matin sait que l?épreuve qu?il endure est d?ordre politique et que l?affaire des « bons de caisse » n?a servi que de prétexte pour le punir sur ses écrits passés sur le Pouvoir. Il sait aussi que le livre publié, Bouteflika : une imposture algérienne, paru au moment de la campagne présidentielle, n?allait pas rester sans riposte. Celle-ci a bien eu lieu par le biais de la justice et n?a pas épargné administrativement son journal interdit de parution pour endettement vis-à-vis de l?imprimerie publique qui le fait paraître : un autre prétexte dont la grossièreté est évidente, car bien d?autres journaux endettés continuent toujours de paraître sans subir le courroux des rotatives. Le délit d?opinion est bel et bien là - une des facettes hideuses de l?Algérie d?aujourd?hui - au grand déshonneur du Pouvoir politique régulièrement cloué au pilori sur les atteintes perpétuelles aux droits de l?homme. Benchicou paye le prix de son audace et de son talent, deux qualités mises au service de son métier de journaliste, tout comme Hafnaoui Ghoul, autre homme de presse et militant des droits de l?homme sur qui se sont acharnées diverses autorités de Djelfa afin de le voir croupir le plus longtemps possible en prison. Le « crime » de Hafnaoui Ghoul est d?avoir dénoncé l?ordre malsain établi par les féodalités locales et de leur avoir tenu tête. Le verdict d?hier de la cour d?Alger sonne comme un avertissement à toute la corporation : l?emprisonnement sera la réponse à tout écrit critique et dérangeant. Le Pouvoir politique en a décidé et il peut dormir sur ses deux oreilles.


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