Algérie

Triq j'dida, une artère entre deux villes



Triq j'dida, une artère entre deux villes
Aucune artère de la ville de Constantine ne peut rivaliser avec la célèbre Triq J'dida (rue Larbi Ben M'hidi), de par sa popularité, son attrait et son importance socioéconomique, ce qui lui donne une place particulière chez les Constantinois.L'histoire de cette artère remonte à bien avant la conquête française. Selon un plan de la ville, tracé par Ernest Mercier en 1837, une rue partant de Bab El Oued descendait jusqu'à la place de Djamaâ El Kebir, avant de se diviser en trois axes, l'un menait vers Rahbet Essouf du côté supérieur, et l'autre du côté inférieur, alors qu'un troisième débouchait vers le quartier d'El Batha.Après la décision de construire une ville européenne sur la partie haute du Rocher, suite à l'ordonnance du 9 juin 1844, les Français ont compris l'importance stratégique d'un axe qui partira de la place de la Brèche vers le faubourg d'El Kantara. Mais l'objectif principal de cette opération était de relier la Halle aux grains, futur garage Citroën (actuel palais de la culture Al Khalifa) à la gare ferroviaire dans le quartier d'El Kantara. Le percement de cette artère commencera à partir de 1865 pour durer une dizaine d'années. Il donnera naissance à la rue Impériale, ou rue Nationale, baptisée plus tard rue Georges Clemenceau, qui sera connue jusqu'à nos jours par Triq J'dida. Un percement qui sonnera le glas pour une bonne partie de la vieille ville. Des quartiers, des pâtés de maisons, des zaouias ont disparu de la carte.On citera, entre autres, le quartier d'El Moukouf, situé juste à l'entrée, Fondouk Ben Nouioua, un peu plus bas, Sidi Abderrahmene El Menatki près de Djamaâ El Kebir, Souk El Ouarda, Souk El Attarine, Zenket Benzegouta et Houmet Sidi Boumaza dans la partie basse. Lors de son voyage à Constantine en 1880, Louis Régis note : «La ville est traversée dans toute sa largeur par une rue française percée comme par hasard au beau milieu des quartiers arabes.»Toute la façade de la plus ancienne mosquée de la ville, El Djamaâ El Kébir, qui remonte au XIIIe siècle, a été démolie. Une nouvelle façade sera reconstruite sur le côté droit de la rue. La petite placette située devant la mosquée garnie d'une fontaine disparaîtra aussi. La rue Nationale, devenue comme une ligne de démarcation séparant deux villes, l'une européenne, s'étendant jusqu'à la Casbah, et l'autre arabe, descendant jusqu'à la partie basse de Souika, a complètement défiguré le vieux Constantine.Ce percement a donné lieu aussi à deux hôtels (Hôtel de Paris et Hôtel d'Orient), existant toujours, deux longues rangées d'immeubles avec des locaux commerciaux. Sur l'ex-place Molière (actuelle place Ladjabi), un lycée verra le jour, ainsi que la célèbre Medersa, inaugurée en 1908 par le recteur Ardaillon. L'aménagement de cette artère sera achevé par la démolition de la porte d'El Kantara en 1928. Aujourd'hui, Triq Djedida, dont le tissu urbain se dégrade, est une grande rue commerçante avec ses innombrables magasins de tissus, d'habillement, de bonneterie, qui sera envahie par la nouvelle vague des produits chinois, des bazars et des gargotes de chawarma.


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