Algérie

Tripoli se barricade



Le plus grand obstacle à la paix en Libye est que des millions d'armes restent en circulation et totalement incontrôlées. Cela a été prouvé tout au long des épisodes de la guerre civile durant cette dernière décennie, et cela saute encore aux yeux aujourd'hui, le problème libyen est d'ordre sécuritaire. Tripoli, la capitale libyenne, se barricade de nouveau. Ces derniers jours, le cordon sécuritaire mis en place, avec des milices qui ont renforcé leur présence autour du siège du gouvernement et aux entrées de la capitale, rappelle d'amers souvenirs d'une guerre civile qui revient sans cesse bousculer les efforts de paix. Tout le monde avait cru que la crise libyenne allait trouver une issue heureuse à la fin de l'année 2021, avec des élections présidentielles annoncées le 24 décembre 2021, soutenues par la communauté internationale, avant que tout bascule dans l'ajournement d'une solution politique démocratique revendiquée par le peuple libyen depuis la chute de Kadhafi en 2011.Le report des élections de décembre 2021 et les hésitations qui s'ensuivirent, et qui ont révélé l'impossibilité de déterminer une nouvelle date pour la tenue de ces élections en raison des dissensions profondes entre les parties rivales, a conduit à l'approfondissement du fossé entre les principales figures engagées dans l'ultime bataille visant le contrôle de Tripoli, et à la désignation par le Parlement en Libye, en février 2022, d'un nouveau Premier ministre, Fathi Bachagha. Depuis, ce dernier n'a cessé de sonder la disponibilité de l'autre Premier ministre en poste à Tripoli, en l'occurrence Abdelhamid Dbeibah, à libérer son poste. Usant jusque-là d'un discours pacifique face à son vis-à-vis, Fathi Bachagha est passé ces derniers jours à un langage musclé où la menace de prendre d'assaut la capitale est à peine voilée.
A travers une lettre adressée ces derniers jours à Dbeibah, Bachagha l'invite à céder «pacifiquement » le pouvoir. Laissant entendre en filigrane que dans le cas contraire, cela se réglera par les armes. Effectivement, suite au rejet par Dbeibah de cette «offre » de son rival, soulignant qu'il ne remettrait le pouvoir qu'à l'issue d'élections démocratiques, Bachagha et ses soutiens ont joint l'action à la parole en déployant immédiatement leurs miliciens autour de Tripoli. Une escalade militaire qui préoccupe au plus haut point l'ONU, dont la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a exprimé mardi dernier son «inquiétude face à la mobilisation militaire et à la tension croissante dans le pays ». Dans un communiqué, la MANUL exhorte les parties libyennes à recourir à des élections pour résoudre les problèmes. «La mission appelle à une désescalade immédiate et réaffirme que le recours à la force, par quelque partie que ce soit, n'est pas acceptable et ne conduira pas à un résultat qui garantisse la reconnaissance par la communauté internationale», a poursuivi la MANUL.
Mais qui se soucie de la reconnaissance internationale ' D'ailleurs, le Premier ministre Bachagha a bien des alliés au sein de cette communauté internationale, qui ne se soucient, eux, que des richesses énergétiques de la Libye. Son peuple ' Il peut faire la différence, comme il l'a montré durant de brefs moments, en juillet dernier, en se soulevant contre ces élites politiques qui se déchirent entre elles au risque de disloquer le pays.


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