Hormis la
réduction du recours au crédit documentaire pour les approvisionnements en
intrants destinés à la production (une revendication patronale, en fait !), aucune
proposition de l'Union générale des travailleurs (UGTA) n'a trouvé d'écho chez
Ahmed Ouyahia. Le patronat, quant à lui, a abordé en
rangs dispersés la négociation avec le gouvernement.
Si l'on excepte le
Forum des chefs d'entreprises (FCE), ses différentes organisations peinent à
tenir un discours cohérent et… novateur.
Tout le monde s'interrogeait
sur la place de l'UGTA à la dernière rencontre
tripartite, consacrée exclusivement aux préoccupations des entreprises privées
et publiques et où, dès le départ, il n'était pas prévu de parler des questions
sociales. Pour ne pas faire acte de figuration, Sidi Saïd est venu avec 14
propositions, dont certaines avaient déjà été mises sur le tapis par les
opérateurs économiques (privés, en particulier), alors que d'autres avaient été
mises en Å“uvre ou allaient l'être par le gouvernement.
Si l'on excepte la
proposition d'allègement du crédit documentaire, au menu depuis la tripartite
de décembre 2009, aucune des propositions réunies par le Syndicat dans le
chapitre «Valorisation et promotion de la production nationale» n'a été prise
en compte. Pour rappel, l'UGTA a recommandé «l'actualisation
de l'instruction portant sur la promotion de la production nationale du 7
janvier 1997», la «relance du crédit à la consommation», la «réduction de la TVA» pour l'acquisition de
produits de fabrication nationale, «l'interdiction définitive de l'importation
de la friperie» et l'augmentation de la
TVA pour les produits d'importation. Dans le même chapitre, elle
a préconisé la «relance des coopératives de consommation», voire un quasi-retour
aux Souk El Fellah des années 1970-80, à travers la «création de grandes
surfaces de distribution, en partenariat avec le secteur privé ».
A la lecture des
décisions arrêtées dans la soirée de samedi dernier, il s'avère que la
tripartite n'a même pas prévu d'examiner ultérieurement les propositions de la Centrale syndicale. Aucun
des comités ou groupes de travail qui seront mis en place ne sera appelé à
discuter de la révision de la TVA,
de l'interdiction des importations de produits textiles usagés, de la création
de grandes surfaces ou de l'instauration d'un «observatoire du commerce».
Un patronat divisé
Sur le flanc
patronal, la tripartite du 28 mai 2011 aurait été un simple remake des
précédentes n'était la première participation à ses travaux du Forum des chefs
d'entreprises (FCE), représenté par son président Réda
Hamiani. Les discours des patrons entendus samedi
dernier semblaient être une plate répétition de ceux prononcés lors d'autres
tripartites. Le seul exposé ayant retenu l'attention des médias a été, incontestablement,
celui du président du FCE.
Comme si elles
découvraient pour la première fois ce genre de rencontre, les autres
organisations patronales n'ont même pas interpellé le gouvernement sur ses
promesses non tenues depuis la précédente tripartite de décembre 2009. Elles
ont ainsi donné l'impression que leur participation était plus d'ordre
protocolaire que celle de partenaires à part entière. La division du patronat
et le manque flagrant de concertation (pour ne pas dire l'absence de dialogue) entre
ses organisations n'aide pas à renforcer la place des entreprises sur l'arène
des négociations.
A quand une
tripartite transparente ?
Le caractère non
public des travaux de la tripartite ne permet ni aux adhérents des
organisations patronales, ni à ceux du syndicat UGTA, ni aux observateurs de
savoir qui revendique quoi. Les discours aux contenus généraux n'indiquent pas
avec précision laquelle des associations de chefs d'entreprises est favorable à
telle ou telle décision ou démarche du gouvernement. A ce propos, il faut
reconnaître au patron de la
Centrale syndicale le courage d'avoir divulgué ses
propositions avant l'entame des discussions fermées, au risque d'en ressortir
les mains vides.
On ne connaît pas,
par exemple, les raisons de l'infortune des propositions de réduire la TVA pour les produits locaux
et de l'augmenter pour les produits issus de l'importation. En théorie, ces
deux propositions devraient avoir le soutien des entreprises algériennes, publiques
et privées. Si cela a été le cas, pourquoi n'ont-elles pas été adoptées ?
A ces questions
toute réponse serait hasardeuse. D'où la nécessité de plus de transparence sur
les positions des uns et des autres lors des travaux de la tripartite. La
transparence est, d'ailleurs, tout aussi nécessaire pour connaître les
entreprises adhérentes de chacune des organisations patronales : seul le FCE, pour
l'instant, a rendu publique sur son site Web la liste de ses adhérents !
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Posté Le : 31/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com