Algérie

Tripartite aujourd'hui: Un SNMG à 20.000 DA ?



Les partenaires socio-économiques se réunissent aujourd'hui à la résidence El Mithak, pour entres autres, entériner en principe, une augmentation salariale à propos de laquelle ils sont tous foncièrement contre.

Si les déclarations officielles et publiques des uns et des autres, entre représentants du gouvernement, du patronat public et privé et de l'UGTA, sont empruntes d'un optimisme rassurant pour inscrire à la tripartite de ce week-end, une augmentation salariale «substantielle», les trois partenaires sociaux ne sont pas convaincus de sa nécessité dans un contexte économique totalement déstructuré. Ils pensent tous –sans exception aucune- qu'aujourd'hui une revalorisation des salaires pénalise plus l'économie nationale qu'elle ne garantisse un réel rattrapage du pouvoir d'achat des travailleurs. Ils craignent que les indicateurs macroéconomiques ne se mettent, tout de suite, au rouge avec effets négatifs immédiats sur l'environnement microéconomique et l'entreprise en particulier.

 Ils se souviennent que sur une période d'à peine six mois de l'année en cours, l'Etat a déboursé des sommes considérables pour acheter la paix sociale. Ils rappellent que c'est en janvier dernier que les premières manifestations de colère ont été déclenchées dans plusieurs régions du pays. C'était lorsque des groupes de jeunes ont déferlé avec une violence inouïe, dans les rues pour dénoncer soi-disant, une augmentation effrénée du prix du sucre et de l'huile. Non seulement le gouvernement s'était de suite rétracté en annulant des mesures qu'il avait prises quelques mois auparavant pour lutter, un tant soit peu, contre l'économie informelle mais il a fixé un prix à ces deux matières premières qui était loin de correspondre à celui affiché sur les marchés mondiaux. Le gouvernement était ainsi revenu sur sa décision d'exiger les factures des commerçants. Il a alors préféré se plier au diktat des producteurs et commerçants véreux à défaut de pouvoir leur faire respecter les règles de la transparence. Il faut dire que la contestation dans le monde arabe commençait à prendre de l'ampleur. Les gouvernants algériens avaient pensé –ils le pensent toujours- que ce n'était pas le moment de tirer le diable par la queue.

Le résultat de la démarche n'a pourtant pas été probant. Les mouvements de contestation ont continué à s'amplifier à travers le pays. Toutes les catégories sociales avaient senti une profonde faiblesse chez les gouvernants. Les populations ne se sont pas privées d'en profiter. L'effet de contagion a été instantané.

Le peuple a compris que le gouvernement était pratiquement à sa merci. C'est ainsi que tous les secteurs d'activités ont enclenché des mouvements de grève pour exiger des pouvoirs publics, la résolution des problèmes posés par leurs travailleurs.

Au-delà de quelques revendications socioprofessionnelles «classiques,» les collectifs des travailleurs ont tous mis en avant une augmentation salariale avec en prime une rétroactivité à partir du 1er janvier 2008. L'Etat a accepté des augmentations dépassant les 100%. «Ce qui dépasse l'entendement,» disent, presque en cÅ“ur les partenaires socio-économiques. Rien que pour assurer les nouvelles augmentations salariales, le Trésor public a débloqué depuis janvier, une rallonge de plus de 400 milliards de dinars. «C'est énorme,» s'exclament-ils.

Le gouvernement se trouve ainsi enlisé dans un cycle de dépenses financières duquel il ne sait pas comment en sortir. L'on note que pour calmer les chômeurs qui se sont eux aussi mis de la partie (de la contestation nationale), il a débloqué des crédits colossaux qu'il sait pourtant pertinemment qu'ils ne seront jamais remboursés. L'on dit même qu'il a accepté par exemple de donner des aides financières à de nombreux jeunes d'une même localité, qui avaient tous comme projet d'ouvrir une pizzeria. «Pensez-vous que les habitants de cet douar vont tous se mettre à manger de la pizza et tous les jours ?» s'insurge un ministre. Le gouvernement tente pour cette fois de faire étaler l'impact d'un probable relèvement du SNMG sur l'année 2012. «Et si on trouve le moyen, on doit aller jusqu'à 2013,» nous dit une source du Premier ministère. Des simulations ont été faites pour un relèvement du SNMG de 16.000 jusqu'à 20.000 DA. Les résultats font craindre le pire en termes d'équilibres financiers de l'Etat. La seule caisse publique à applaudir des augmentations salariales est celle de la sécurité sociale. Des 400 milliards DA qui ont été débloquées ces derniers mois pour apaiser les esprits des travailleurs, la CNAS en a tiré plus de 150 milliards DA soit plus de 35% sous forme de cotisations. «Ce qui donne une petite bouffée d'oxygène aux caisses qui peinent à s'en sortir sous le poids exorbitant des forfaits hôpitaux,» nous disent, de syndicalistes. La tripartite dont les travaux s'ouvrent aujourd'hui à la résidence El Mithak pour se terminer en principe le même jour, prévoit de se pencher sur 8 points entre autres, le rattrapage du pouvoir d'achat, la promotion de la production nationale, l'environnement de l'entreprise économique «à travers son assujettissement à la nouvelle réglementation des marchés publics mais aussi à la lumière des résultats de la tripartite économique tenue en mai dernier, les perspectives du pacte national économique et social, le relèvement des pensions de retraites et les conventions collectives pour le secteur privé.




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