Algérie - Oum Drou

TRIBUS DES BOUTHIBA - BENYAMINA



Au moment où Sidi Ali succéda, son père Sidi Djilali-ould-Abderrahmane, l'influence spirituelle du chef dela zaouïa avait encore son emprise sur toutes les branches des Cheurfa de la Medjadja. Sidi Ali, mourant à la fleur de l'âge, laissa le pouvoir à son unique garçon,à peine adolescent mais déjà bon thaleb.

Sidi Larbi-Abou Thaïba, dit Sidi Bouthiba, qui fit l'éponyme de cette famille.

Sidi Bouthiba, homme de prières et de livres, composa quelques ouvrages ; de plus, sa facilité d'élocution, encore soutenue par l'ampleur de son verbe, lui valut les honneurs de la chaire dans plusieurs réunions de savants ; notamment au Caire où à l'Université d'El Azhar ses khotbate furent acclamées. De retour au pays natal Sidi Bouthiba, fit à Mazouna et à Mascara, de mémorables conférences sur l'opportunité de l'immixtion du kanoun dans la politique. Le gouvernement de l'Odjak, effrayé par une telle liberté d'idées, l'obligea à se retirer, jeune encore de la lice où lui succéda, moins brillamment toutefois, son fils.

Sidi Djelloul lequel, bientôt rebuté, confia la baraka à l'aîné de ses enfants.

Benyamina-Ould-Djelloul, dont l'influence grande déjà devait s'accroître encore grâce à sa puissance de suggestion. Il fut le leader de l'indépendance familiale vis-à-vis des turcs. Son frère Cheïkh Elhadj-M'Hammed-Ould-Djelloul, khadhi réputé, fut, le jour même de son retour la Mecque, enseveli, à Blida, sous les décombres de sa maison, détruite par le temblement de terre qui en 1842, anéantit la "Reine de la Medjadja ".

Les Oulad-Bouthiba qui, à ce moment, ajoutèrent à leur nom celui de Benyamina, eurent comme chef Sidi Abdelkader Ould Benyamina, lequel partisan sincère de l'Emir El hadj Abdekader, prêta un concours soutenu et souvent efficace à son cousin Bou Chekor ben- Chérif, Khelifa de ce dernier qui, commandant depuis les Braz jusqu'aux Medjaher, prit une part fort active au combat de Zeboudj-Moulaï-Ismaïl, près du Sig, contre le Général Trézel, le 25juin 1835. Tué dans sa résidence de Mazouna, Ben Chekor fut remplacé par son parent Chérif Djilali-ben-Mohammed-ben-Chrif, lequel tomba, en mai 1846, sous les coups de la troupe de Bou-Maza attaquant Medjadja, ainsi d'ailleurs que Si Kaddour ould- Mohammed-Sayah, oncle paternel du Kadhi actuel d'Orlansville.

Dès lors les Bouthiba-Benyamina se rangent loyalement aux côtés de la France et le fils de Djilali-ben-Mohammed-ben-Chérif, Cherif-Benali, est choisi, par le Colonel de Saint-Arnaud et par le capitane Richard, comme premier khodja de la subdivision d'Orléansville.

Cherif-Benali est mort, vers 1900, Commandeur de la Légion d'Honneur, après avoir dirigé pendant de nombreuses années le kaïdat des Oulad-Farès.

Sidi Abdelkader-ould-Benyamina avait laissé deux fils, l'un Si Abdelkader, oncle du Bachagha, ayant également débuté comme khodja, est mort kaïd, officier de Légion d'Honneur en novembre 1883 ; le second Si Miloud né à Medjadja, père du Bachagha, était plutôt un homme de prières qui, pourtant très énergétique à l'occasion soutint l'Emir de son influence et se fit blesser tout jeune encore à ses côtés, en mai 1842, sous les murs de Miliana. Il mourut en 1900, à l'âge de 78 ans, non sans être devenu, avant même la soumission de l'Emir, et depuis la fameuse affaire de Bou-Maza, l'un des lus fidèles alliés de la France.

Si Miloud, chef des Bouthiba-Benyamina, fut d'un grand secours pour nos colons, en 1864, lors de l'insurrection des Flittas, lesquels avaient fait cause commune avec les Chikhïa. Le Maréchal Pélissier, eut recours aux services des marabouts de Medjadja. Ceux-ci, ayant repoussé énergiquement les menées insidieuses de Si Lazreg, prêtèrent un concours efficace au Général Roze chargé de la répression des Flittas qui, dans le courant du mois de juin, firent leur soumission.

Durant l'aam-ech-cherr, Si Miloud, et tous les Cheurfa de la Medjadja donnèrent les preuves d'une générosité admirables.

Cheïkh Benachith Revue Africaine n° ? Année ? pp. 65-70




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