Algérie

Tribunal criminel: Dix ans de réclusion pour quatre narcotrafiquants



? Le tribunal criminel près la cour d'Oran a condamné, hier, quatre accusés à 10 ans de réclusion pour des faits de trafic de drogue et acquitté deux autres personnes, injustement mêlées au dossier et mises en détention préventive depuis plus de deux années. La genèse de l'affaire remonte à décembre 2017 quand les services de la gendarmerie nationale interpellent, dans une ferme près de Sebdou, O. Mohamed, 53 ans, A. Aïssa, 53 ans, K. Abdellah, 41 ans, et son frère Safi, 39 ans, alors qu'ils s'apprêtaient à embarquer dans deux véhicules où étaient dissimulés près de 80 kg de kif traité. Selon O. Mohamed -qui venait de purger 10 ans de prison pour trafic de drogue-, c'est Abdellah qui a ramené la marchandise qu'il devait transporter à Alger en compagnie de Aïssa. Celui-ci reconnaît avoir accepté l'offre de convoyer la drogue contre 300.000 DA parce qu'il se trouvait dans une situation sociale pénible. Quant aux deux frères K., qui résident dans la ferme en question mais dans des maisons différentes, ils nient leur implication dans ce que les enquêteurs considèrent déjà comme un réseau d'importation, de transport et de mise en vente de drogue. Plus tard, les investigations mèneront à deux autres personnes, Z. Houssam, 20 ans, et O. Nacer, ancien militaire à la retraite, dont les puces de téléphones avaient été utilisées par des narcotrafiquants.Hier, à l'audience, les accusés répèteront ce qu'ils avaient déjà dit lors de l'enquête préliminaire : O. Mohamed et A. Aïssa reconnaîtront les faits qui leur sont reprochés, les frères K. -qui affirment avoir été en froid une année avant l'arrestation- rejetteront toutes charges en s'accablant l'un l'autre. Safi nie avoir été au courant de ce qui se tramait ce soir-là : «Après le dîner avec les amis de mon frère, je suis allé me coucher. Je n'ai pas assisté à l'arrivée de la drogue ni à son chargement dans les voitures. Je n'ai rien à voir avec l'affaire !», dira-t-il, tandis que son frère aîné soutiendra qu'il était informateur auprès des services de sécurité et que l'arrestation a été réalisée grâce à lui. O. Mohamed, pourtant, attestera depuis le box des accusés que «la drogue appartient à Abdellah et que c'est lui qui est allé la chercher auprès de ses fournisseurs». Quant à Houssam et Nacer, ils diront ne pas comprendre ce qu'ils font dans ce cauchemar : «Jusqu'à présent, je ne comprends pas ce qui m'est reproché», se plaindra notamment le jeune Houssam.
Sans argumenter ni faire la démonstration de la culpabilité des six mis en cause, le représentant du ministère public déclarera laconiquement que les «faits sont établis» avant de requérir 15 ans contre l'ensemble des accusés.
Les avocats tenteront de défendre les intérêts de leurs clients, chacun selon la gravité des faits établis. Les défenseurs de Mohamed et Aïssa, dont les clients ont fait des aveux complets, plaideront les circonstances atténuantes tout en rejetant les accusations d'importation et de trafic de bande organisée : «Rien ne démontre qu'ils ont importé les substances ni qu'ils activaient en association avec les autres accusés», diront-ils. Argument dont se serviront les avocats des deux frères K. qui plaideront, eux, l'acquittement de leurs clients. Le défenseur de Safi rappellera notamment que O. Mohamed a confirmé que la drogue appartenait à Abdellah tandis que l'avocat de celui-ci déclarera que Safi avait usurpé l'identité de son frère pour s'adonner au trafic de drogue. Quant aux avocats des deux derniers accusés, ils n'auront aucun mal à démontrer que la présence de leurs clients à ce procès est la conséquence de graves négligences dans l'enquête qui n'a pas pris le temps de vérifier que les puces n'appartenaient plus à leurs clients.
Après délibérations, O. Mohamed, A. Aïssa et les frères K. écoperont de dix ans de réclusion alors que Houssam et Nacer seront logiquement acquittés.


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