Un cinéma du réel qui vous toucheL'histoire se déroule à Kisangani, en République démocratique du Congo où la caméra du réalisateur scrute et suit un groupe de jeunes lycéens dans leur parcours du combattant faisant de leur examen, l'équivalent du baccalauréat, une affaire de vie ou de mort.Rehaussé tout récemment du Prix le Tanit d'argent aux dernières Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie), le film documentaire Examen d'état de Dieudo Hamadi (République démocratique du Congo) a été projeté lundi dernier à la salle El Mouggar dans le cadre de la compétition officielle section documentaire au Festival international du film engagé d'Alger. L'histoire se déroule à Kisangani, en République démocratique du Congo, un groupe de jeunes lycéens s'apprête à passer son examen d'état, l'équivalent du baccalauréat.La caméra de Dieudo Hamadi le filme tout au long de sa préparation, depuis les bancs de l'école d'où les élèves se font régulièrement chasser parce qu'ils n'ont pas payé la «prime des enseignants, jusqu'à la rue où ils tentent désespérément de gagner leur vie ou dans une maison abandonnée où ces jeunes éliront domicile pour réviser, car chassés de l'école.» Jamais l'envie d'avoir son examen n'a été montrée avec une telle force, fracas dans la naïveté de ces gamins frondeurs. Ces jeunes lycéens savent que ce diplôme sera le sésame qui leur permettra de trouver plus tard un autre travail plutôt que de voler ou de vendre dans un marché.Hélas, beaucoup abandonnent leurs études faute d'argent, leurs parents n'ayant pas assez d'arge nt pour payer la «dîme» de l'école. Car ici il est question de payer les professeurs, même ci ces derniers n'ont pas fini le programme des classes de terminale car ayant passé trop de temps à faire grève durant l'année. Bouleversant aussi bien que touchant, ce documentaire pose avec acuité le problème de la scolarité de ces enfants et le capitalisme de ce système éducatif basé sur les inégalités sociales, même si tous les enfants sont censés être habillés pareil c'est-à-dire en blanc et noir.Le documentaire Examen d'état qui nous plonge dans le dur quotidien de ces jeunes, se laisse regarder presque comme une fiction, tant la fluidité du récit ne soufre d'aucun ambage.Examen d'état permet aussi de révéler l'état social et culturel dans lequel évolue cette frange de la population qui fréquente les marabouts et si elle n'est pas en train d'étudier, prie à gorge déployée, jusqu'aux larmes et la transe, le Seigneur, afin de réussir son examen. Car cela relève de la vie ou de la mort pour ces jeunes. La scène où ces lycéens consultent leur portable pour vérifier les résultats est des plus épiques, sensationnelles même, témoignant d'un état quasi euphorique survolté de ces gamins qui n'ont pas grand-chose pour s'accrocher dans la vie.Exprimant leur joie, ils s'aspergent le visage de talc pour signifier leur jubilation, leur ascension au rang d'homme blanc comme il est fait état dans la pièce Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon.Examen d'état a glané, pour info, cette année de nombreux prix dont Cinéma Grand Prix au Fidadoc à Agadir (Maroc), le Prix spécial du Jury au Festival international du film francophone de Namur - Namur (Belgique) et le Prix des détenus & Mention spéciale pour le Grand Prix de la Compétition internationale au Ridm - Rencontres internationales du documentaire de Montréal (Canada).Examen d'état est un film fort, malgré ses longueurs par moments, mais les images montrant ces jeunes deux mois après en train de nager, se détendre, après une année de tracas et de sacrifice, où ces incursions dans la vie misérable de ce pays africain et ses paysages sont un voyage non pas exotique mais sont nécessaires afin de nous introduire au coeur de la réalité amère et dramatique de l'Afrique noire...
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Posté Le : 17/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : O HIND
Source : www.lexpressiondz.com