Algérie

Triangle ouvert sur Fahima de Chakib Hammada, Poésie - Éditions Le Manuscrit, Paris 2004



Triangle ouvert sur Fahima de Chakib Hammada, Poésie - Éditions Le Manuscrit, Paris 2004
Présentation

Triangle ouvert sur Fahima’ est un chant charnel et puissant au centre duquel est Fahima, être à la fois mythique et réel, incarnant l’amour, le désir, la possession. Le recueil, fait rare, est une succession d’images fortes et sensuelles, servies par une écriture sans concession : « J’ai senti dans mon ventre/ un matin bleu-opaque/ tes lèvres-souvenirs / hurler dans mes yeux ». De l’impact verbal de ces poèmes courts, au chant lyrique de poèmes plus longs, comme ‘L’amour de demain’, il y a, chez ce poète authentique, la faculté profonde d’une communication de cœur à cœur.


Extraits

parus dans : Cahiers De Poésie I (Éditions Joseph Ouaknine)

Espérances ravinées


tes cris rejaillissent de mes espérances ravinées
ascension vertigineuse
d’un Nous amputé
tu caresses impassible mes instincts nécrophiles
pour poser sur mes lèvres
sensuelle et nue
la rengaine misogyne d’une harmonie brisée


Fahima


mirage de tendresse ô soleil des amants
maîtresse de mes entrailles
toi mon cycle à mille temps
sur les berges de tes lèvres pareil
au moucheron je demeure suspendu
au frou-frou de ta voix


L’amour de demain

Pour Souâd


et la moisson vint souffler l’orage
et l’été s’ancra
au cœur de ces vers humides

et je t’aime mon amour
au présent de ton absence

et mes rires transis souffreteux lancinants
étreignent le galbe
de tes yeux miroitants

et je t’aime mon amour
au présent de ton absence

tu es là et ta voix fraîche sereine
vibre dans mes yeux
alourdis par la peine

et je t’aime mon amour
au présent de ton absence

et tes cris et mes cris belle farandole
embrasent les racines
de cette morne solitude

et je t’aime mon amour
au présent de ton absence

et demain mon amour et demain et toujours
nos yeux confondus
se conteront mille refrains
et nous nous rirons des noirs chemins
où l’angoisse mère de tous les vices
conjugue la peine
et les amours qui se défont

et nous vivrons mon amour et nous vivrons
dans toute sa plénitude
la vie notre vie
confondus comme un


Les rênes brisées


j’ai senti dans mon ventre
un matin bleu-opaque
tes lèvres-souvenirs
hurler dans mes yeux


Fahima-tendresse
kholkhal de mon âme
ton absence brise en moi
les rênes de l’espoir




Nous étions deux


nos amours en étiage
se mirent sur les rivages
de nos serments ridés
par les affres de ce rêve brutal
où se perd
l’esthétique sauvage d’un poème-matière

souffles aphasiques
qui ne chantent plus ce Nous échevelé
qu’enchaînent les tripes obscures
d’un présent inaccessible

miroir creux
où se débat la fureur
d’une charge passionnelle
hier encore nous étions deux


Ténèbres


encore longtemps
je me souviendrai
de la brume relative
à ce ruisseau de larmes
qui coule
serpent sans joie
au pied de ce Mur que
le vent du malheur
dressa entre-Nous

je n’irai plus
conter ma peine à
l’océan
chant nonchalant que
Fahima coud
aux rires muets du hasard
qui peuple mes silences et
déchire mes ardeurs
l’adieu revit
sens oblique
d’un amour latéral
au souffle creux
Brasero
aux mille étoiles qu’une larme
éteint
Graine sereine sans Toi
je ne suis plus

tiens reprends
ce cœur d’alcools poussif
ténébreux vaseux
usé
par tes caprices bourgeois tes rêves
d’alios
je ne rêve plus
je caresserai sans plus rêver
le souvenir
du giron qui
me dorlota veilla anima
mère
mère Fahima vient de partir
pourquoi
pourquoi
ce regard voilé ces yeux baissés
cet air qui pue l’humiliation ces
larmes épineuses
qui écorchent l’espoir
pourquoi
s’aimer pour se haïr lutter
joies contre peines
sans Toi je ne suis plus
viens donc Fahima aube sereine
m’aider à vivre ces joies non vécues


Soleil-Matière


viens
pareille à la mer un soir
d’été caresser les rivages
de mes entrailles avides
sur les flancs de tes vagues
il fait si bon rêver

j’aime
à voir tes yeux se dérider
ces soleils-matières qui
dansent dans ta voix Sur
ton front large et pur
il fait si bon aimer

viens
sur le souffle d’une espérance
à la première lueur d’un sou-
rire franc échancrer mes rêves
en deuil

sous la foudre de tes yeux
il fait si bon souffrir


L’atome coagulé


je n’ai plus
à rêver sur un atome coagulé ou sur l’oreille
maladroite d’un chaton sevré Retrouverai-je
la sérénité de cette aube enivrante où j’ai
vu mon cœur palpiter dans tes yeux

j’ai encore
dans la pâleur de mes veines le souvenir hal-
lucinant du jardin de ton corps où dansent
admirables ces bouquets de roses Blanches sur
tes bras tes chevilles et ton cou

là j’ai inscrit
sur le vide de mon âme en lettres de roc sur
une page-feu ton nom ta voix la douceur de tes yeux

sans toi atome mon atome coagulé
que serait la vie au cœur d’un clair poème


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